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Ali-Baba et les "Caterpillards"

Nico Cué

Indignons-nous ! Sans retenue. Avec Force. Chaque fois que c’est nécessaire. Indignons-nous parce que notre capacité de nous dresser face aux violences faites aux travailleurs de Gosselies ou d’Axa, de Truck Technic ou de Makro, d’ici ou d’ailleurs, exprime d’abord une part d’humanité qui résiste à la barbarie capitaliste.

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

Indignons-nous, certes, mais avec lucidité.

Il n’y a pas de qualificatif assez fort pour exprimer notre dégoût  et pour décrire la manière dont s’est faite l’annonce de la fermeture de l’usine belge de Caterpillar. Cinq minutes, top chrono, pour tirer un trait sur des milliers de vies actives. Acceptons pourtant de voir que cette décision s’inscrit dans la logique d’un système qui n’est pas moins barbare que ses méthodes et sa communication. La mécanique du capitalisme se résume à faire des travailleurs, de leurs salaires et de leurs conditions de travail, la variable d’ajustement d’une économie au service de la rente des propriétaires d’entreprise. La candeur et l’indignation de quelques responsables politiques découvrant la nature réelle du régime qu’ils entretiennent ne doivent pas faire illusion.

Les travailleurs de Caterpillar paient la facture des erreurs stratégiques de la transnationale. Ses prévisions sur le développement de la demande en machines d’extraction ne se sont pas réalisées et dès 2013, elle a choisi d’imposer une première restructuration très lourde à son siège carolo. Les sacrifices consentis en échange de 150 millions d’investissement et d’une promesse d’avenir pour la région ont été énormes. Ils ont été payés en réduction du volume de l’emploi, en flexibilité, en charge de travail accrue et…  en détérioration de la santé des ouvriers. L’augmentation de la productivité sur les lignes de montage a fait apparaître des troubles musculo-squelettiques chez certains mais le « différentiel de compétitivité » avec la Chine, le Japon, les pays de l’Est et la Belgique a été ramené de 20 à… 0% ! Les ouvriers ont rempli leur part du contrat et plus encore. Les patrons non !

Dans le même temps, une prédation actionnariale était organisée sur l’entreprise : elle s’est traduite par une augmentation du dividende par action de 1,82 dollar en 2011 à 3,05 dollars en 2015 alors que le chiffre d’affaires se comprimait tout comme les bénéfices…

Un effet « ciseau » qui ne coupe que les salaires
Cet effet « ciseau » constaté entre l’évolution de ces données caractérise aussi l’ensemble de l’économie belge. Entre 2011 et 2014, le chiffre d’affaires des entreprises non financières qui déposent leurs comptes à la BNB est passé de quelque 800 milliards à 790 (données Afin-A).  Sur la même période, les bénéfices ont approché un niveau de 57 milliards alors que les dividendes passaient de 45… à 53 milliards !

Le gouvernement fédéral nous assomme d’un discours culpabilisateur et purement idéologique sur la compétitivité des entreprises, sur la nécessité de les séduire pour les attirer chez nous. Il n’y a pour elles de cadeaux trop coûteux. Cette rhétorique péripatéticienne est articulée sur des politiques sauvages qui visent à accroître la flexibilité, à réduire les salaires et leurs « charges »… La société toute entière est appelée à contribuer aux efforts budgétaires imposés par les effets de la crise bancaire de 2008. Pas les entreprises qu’il faut choyer… Elles sont exonérées d’une austérité réservée aux travailleurs et aux citoyens.

Entre 2007 et 2014, le prélèvement actionnarial sur les bénéfices des entreprises est passé chez nous de 59 à… 93%. Il n’y a pas ici de dérapage salarial. Il est ici question d’un dérapage des coûts du capital.  Michel 1er s’attaque aux salaires mais protège le dividende. Il prépare les prochains Caterpillar.

Ali Baba entend aujourd’hui que justice soit rendue aux victimes des « Caterpillards ». Bonne nouvelle. S’il cessait de les entretenir, ses indignations seraient plus crédibles !

Nico Cué
Secrétaire général

 

Ali Baba und die « Planierräuber »

Empören wir uns! Hemmungslos. Kraftvoll. Wann immer es notwendig ist. Empören wir uns, weil unser Widerstand gegen den brutalen Umgang mit den Arbeitnehmern in Gosselies oder bei Axa, Truck Technic oder Makro – wo auch immer - untrennbar mit unserem Dasein als Menschen verbunden ist, die sich gegen die kapitalistische Barbarei auflehnen.


Empören wir uns also, aber behalten wir einen klaren Blick.

Es gibt kein Wort, das unserer tiefen Abscheu angesichts des Umgangs mit dem belgischen Caterpillar-Standort im Zusammenhang mit der angekündigten Betriebsschließung gerecht würde. Genau fünf Minuten reichten, um das Leben tausender Erwerbstätiger zu zerstören.  Dennoch müssen wir akzeptieren, dass diese Entscheidung der unerbittlichen Logik eines Systems entspricht, das genauso barbarisch ist wie sein Kommunikationsstil. Die kapitalistischen Mechanismen reduzieren die Beschäftigten, Entgelte und Arbeitsbedingungen auf eine rein wirtschaftliche Variable, die von den Unternehmenseignern gnadenlos für eigene Zwecke ausgebeutet wird.  Die blauäugige Empörung bestimmter politischer Verantwortlicher, die sich über die wahre Natur eines Regimes bestürzt zeigen, das sie selbst unterhalten, kann uns nicht hinters Licht führen. 

Die Arbeitnehmer von Caterpillar zahlen die Zeche für die strategischen Fehler der Multinationalen. Ihre Vorausschätzungen über die Entwicklung der Nachfrage nach Baggermaschinen haben sich nicht bestätigt, und schon ab 2013, entschied sie sich für die erste großflächige Umstrukturierung am Standort Charleroi. Die Opfer, die im Gegenzug zu 150 Millionen Investitionen und dem Versprechen einer Zukunft gebracht wurde, waren enorm. Der bittere Preis war eine schwindende Beschäftigung, zunehmende Flexibilität und Arbeitsbelastung sowie nicht zuletzt…  ein verschlechterter Gesundheitszustand der Beschäftigten. Die Produktivitätssteigerung am Fließband führte bei einigen Arbeitnehmern zu Muskel-und Skeletterkrankungen, aber der « Produktivitätsunterschied » zwischen China, Japan, Osteuropa und Belgien fiel von 20 auf… 0%! Die Arbeiter haben ihre Vertragspflicht bei weitem erfüllt. Die Arbeitgeber keineswegs!

Gleichzeitig wurde das Unternehmen von den Aktionären raubtierartig überfallen: 2011 stiegen die Dividenden auf 1,82 Dollar pro Anteil und 2015 auf 3,05 Dollar, während der Umsatz und Gewinn zurückgingen...

Ein « Schereneffekt », bei dem nur die Löhne beschnitten werden 
Der « Schereneffekt », der sich in dieser Entwicklung widerspiegelt, kennzeichnet inzwischen die gesamte belgische Wirtschaft. Zwischen 2011 und 2014 fiel der Umsatz der Unternehmen außerhalb des Finanzsektors, die ihre Bilanz bei der BNB hinterlegen, von rund 800 Milliarden auf 790 (Afin-A-Daten).  Im gleichen Zeitraum näherten sich die Gewinne der 57 Milliarden-Grenze, während die Dividenden von 45… auf 53 Milliarden anstiegen!

Die föderale Regierung überschwemmt uns mit Schuldzuweisungen und Ideologien zum Thema Wettbewerbsfähigkeit der Unternehmen und Attraktivität für Investoren. Kein Geschenk ist ihr dabei zu teuer. Diese pseudo-philosophische Rhetorik ist auf eine wild wuchernde und rücksichtlose Politik ausgerichtet, die das Ziel verfolgt, Flexibilität zu steigern und Entgelte sowie deren « Belastung » zu kürzen… Die gesamte Gesellschaft soll zu den drastischen budgetären Einschnitten beitragen, die von der Bankenkrise 2008 ausgelöst wurden. Nicht jedoch die Unternehmen, die verwöhnt werden müssen… Sie werden von der Sparpolitik befreit, die den Beschäftigten und Bürgern vorbehalten bleibt.

Zwischen 2007 und 2014 stieg bei uns der Gewinnanteil der Teilhaber von 59 auf… 93%. Die Entgleisung findet nicht im Lohnbereich statt. Hier ist die Rede von den Kapitalkosten. Michel I greift eindeutig die Entgelte an und schützt die Dividenden.  Er bereitet den Weg für weitere Caterpillar-ähnliche Vorfälle.

Ali Baba erwartet heute, dass die Opfer der « Planierräuber » Gerechtigkeit erfahren. Gute Nachricht. Wenn er sie nicht weiter unterhalten würde, wäre seine Empörung glaubwürdiger!

Nico Cué
Generalsekretär