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Comment ils veulent profiter de nos pensions

Nico Cué

Au marathon des coureurs de la droite agressive, le dossier des pensions est assurément sur le podium. Cela fait une génération, au moins, que la famille libérale et ses avatars encore plus à droite prédisent, avec une constance radoteuse, la fin du système.

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung)

Les premiers coups de tocsin ont été battus au temps de Martens-Gol, dans les années quatre-vingts. Depuis il ne se passe pas un mois sans qu’un politique, un expert, un gourou n’annonce la ruine de nos pensions. Sauf si on change le système…

Le discours, sans cesse martelé, s’est insinué dans les esprits. On trouve même aujourd’hui des gens « raisonnables » se disant de gauche qui vous expliquent que, bien sûr, tout ça est fort embêtant, mais qu’il faudra néanmoins agir, parce que la situation va devenir intenable. Et pour « agir », deux recettes simples : retarder l’âge de la pension. Et raboter le montant du « premier pilier » basé, rappelons-le, sur la répartition : un mécanisme simple où les travailleurs d’aujourd’hui financent les pensionnés actuels ; et où ces mêmes travailleurs verront leur propre pension alimentée par leurs enfants.

Retarder, raboter… Ce sont des recettes simples. Ce sont aussi des recettes fausses.

Tordons le cou à l’un ou l’autre canard. D’abord, le plus en vogue : « puisque les gens vivent plus vieux, ils doivent travailler plus longtemps ». C’est ce qui conduit le gouvernement Michel-De Wever à imposer, tout bientôt, la pension à 66 puis 67 ans. Or, les gens ne vivent pas plus vieux : entre 2003 et 2012, l’espérance de vie du Belge moyen a reculé de 44 jours. Et, cyniquement analysé, la réduction des budgets de soins de santé telle qu’elle est programmée ne pourra qu’accentuer cette tendance puisque, au bout du compte, l’accès à ces soins sera diminué et, donc, les populations moins bien soignées. En fait, l’espérance de vie n’est pas tout. Le chiffre qu’il faudrait prendre en compte ici, c’est celui de l’espérance de vie en bonne santé. En Belgique, il est en moyenne de 64 ans, mais avec des disparités énormes selon le sexe et le niveau de revenu. 64 ans, c’est un an de moins que l’âge actuel de la pension…

Autre bobard : les pensions belges coûtent trop cher. Elles seraient impayables… Merveilleuses, les pensions belges ? Il faut, chez nous, 45 ans de carrière pour obtenir une pension complète. En France, il suffit de 43 ans. Au Luxembourg ou au Danemark, 40 ans… Et pour ce qui est des montants… Une pension coûte (par habitant) 2.400 € en Belgique, 2.600  en Allemagne, 3.100 en Hollande, 3.400 en France, 4.100 au Danemark ! Coûteux, nos pensionnés ? Le même type de réflexion vaut dans le service public, où les statutaires, nous dit-on, serait grassement récompensés. Les statutaires pensionnés perçoivent en moyenne 1.599 € de pension, soit moins que le moyenne européenne… étant par ailleurs entendu que, tout au long de leur carrière, les statutaires n’ont pas perçu de 13ème mois et n’ont, par ailleurs, pas accès à un deuxième pilier de pension, comme cela peut être le cas dans le privé. Et puis, il y a de moins en moins de statutaires dans la fonction publique, et de plus en plus de contractuels qui se retrouvent, eux, dans les mêmes conditions de pensions que les travailleurs du privé.

Voilà deux exemples. Je les trouve très parlants. Il y en a bien d’autres. Mais le constat final est le même : ce système qui coûterait si cher et serait condamné à terme aboutit à ce qu’un pensionné sur 5  (dont une majorité de femmes) vive en-dessous du seuil de pauvreté. Peut-être en effet faut-il condamner le système, mais pour cette raison-là. Et donc le remplacer par un mécanisme qui changerait la donne et organiserait une vie décente pour tous les pensionnés, à partir de 65 ans.

En fait, le système de pensions actuel n’est attaqué par le droite que parce qu’il s’agit, au fond, d’un fruit qui peut-être juteux pour certains. Notre système de répartition ne « rapporte » finalement qu’aux pensionnés…

Le but de la droite et de ses serviteurs au pouvoir est bien de basculer le système en réorientant les profits qu’il pourrait générer. Il s’agit de mettre en place un mécanisme de capitalisation qui, à terme, serait le seul et serait totalement lié aux marchés financiers. Certes, cela existe déjà aujourd’hui : c’est le « deuxième pilier », dont certains bénéficient déjà : des sommes sont prélevées sur le salaire des travailleurs et investies sur les marchés financiers. Mais la loi a prévu toute une série de garde-fous qui offrent une garantie minimale de rendement au travailleur, le risque étant supporté, en gros, par l’employeur.

Ce sont ces garde-fous que la droite veut abattre : le travailleur payera plus longtemps puisqu’il travaillera plus. Il supportera le risque financier en cas de déconfiture des marchés. Et les capitalistes empocheront les bénéfices, qui pourront être plantureux (avec, sans doute, une garantie de l’Etat en cas de crash…).

Dans ce domaine comme dans les autres, il n’y a pourtant pas de fatalité. Une pension digne, équivalente au salaire minimum interprofessionnel (1.500 €) est possible pour tous, avec liaison au bien=être, maintien de l’indexation et suppression des discriminations hommes/femmes. C’est une question de volonté politique, c’est une question aussi de réorientation des flux fiscaux et financiers de ce pays. C’est aussi une question d’équité. Ainsi, c’est nous qui pourrons disposer de notre pension. Et pas eux.

Nico Cue, Secrétaire général

 

IM LANDE DER RENTENGEIER

Beim Marathon der aggressiven Rechten ist dem Rentendossier ein Podiumsplatz sicher. Seit mindestens einer Generation schon sagen der Clan der Liberalen und seine noch weiter rechts positionierten Gesinnungsfreunde mit gebetsmühlenartiger Beharrlichkeit das Ende des Systems voraus.

Schon in den achtziger Jahren ertönten unter Martens-Gol die ersten Unkenrufe. Seitdem vergeht kaum ein Monat ohne dass irgendein Politiker, Experte oder selbsternannter Guru den Ruin unserer Renten prophezeit. Es sei denn, man ändert das System ...

Nachdem uns der Diskurs so nachhaltig eingebläut wurde, hat er sich in den Köpfen hartnäckig festgesetzt. Sogar unter den „vernünftigen“, angeblich links denkenden Menschen finden sich inzwischen Vertreter, die im Brustton der Überzeugung erklären, dass man leider, leider handeln müsse, weil die Situation ansonsten unhaltbar werde. Und zum „Handeln“ bieten sich zwei ganz einfache Möglichkeiten. Neben der Anhebung des Rentenalters gilt es die „erste Säule“ anzusägen, die bekanntlich auf einem Umlagesystem fußt: Die Arbeitnehmer von heute finanzieren die Renten von heute und erhalten, wenn sie selbst aus dem Erwerbsleben ausscheiden, die eigene Rente von ihren Kindern bezahlt.

Altersgrenzen verschieben, Säulen ansägen ... das sind einfache Lösungen. So einfach, dass sie schon wieder falsch sind.

Drehen wir versuchsweise der einen oder anderen Ente den Hals um.

Zunächst der populärsten unter ihnen: „Weil wir alle älter werden, müssen wir länger arbeiten.“ Genau diese Behauptung veranlasst die Regierung Michel-De Wever zu dem Schritt, demnächst die Rente mit 66 und dann mit 67 Jahren vorzuschreiben. Dabei stimmt es nicht, dass wir älter werden: Zwischen 2003 und 2012 nahm die Lebenserwartung des Durchschnittsbelgiers um genau 44 Tage ab. Will man es ganz zynisch analysieren, so gelangt man zu dem Schluss, dass die geplante Kürzung der Gesundheitsbudgets diesen Trend nur verschärfen kann, denn damit wird ja der Zugang zum Gesundheitswesen erschwert, was bedeutet, dass die Bevölkerung weniger gut versorgt wird. Sowieso ist der Begriff „Lebenserwartung“ völlig inhaltslos. Ausschlaggebend ist an dieser Stelle eigentlich nur die Lebenserwartung des Menschen bei guter Gesundheit. In Belgien liegt diese im Durchschnitt bei 64 Jahren, wobei es je nach Geschlecht und Einkommensstufe allerdings erhebliche Unterschiede gibt. 64 Jahre, das ist ein Jahr weniger als das derzeitige Rentenalter ...

Noch ein Lügenmärchen: Die belgischen Renten sind zu teuer. Sie sind angeblich unbezahlbar ... Das müssen ja tolle Renten sein! Bei näherem Hinsehen stellt man jedoch fest: Um hierzulande Anspruch auf die volle Rente zu haben, muss man 45 Berufsjahre nachweisen können. In Frankreich reichen 43 Jahre. In Luxemburg oder Dänemark sogar nur 40. Und was die Höhe der Beträge angeht ... In Belgien kostet die Rente pro Einwohner 2.400 €. In Deutschland sind es 2.600 €, in Holland 3.100 €, in Frankreich 3.400 €, in Dänemark sogar 4.100 €! Und da wird behauptet, unsere Pensionäre seien teuer? Eine ganz ähnliche Überlegung gilt für den öffentlichen Dienst, wo die Beamten der Sage nach fette Bezüge erhalten. Pensionierte Beamte erhalten im Durchschnitt 1.599 € Rente, d.h. weniger als der europäische Durchschnitt ... wobei es noch zu bedenken gilt, dass Beamte während ihrer gesamten Laufbahn kein 13. Monatsgehalt beanspruchen konnten und zudem auch keinen Zugang zu einer zweiten Rentensäule haben, wie dies in der Privatwirtschaft der Fall sein kann. Außerdem gibt es immer weniger Beamte im öffentlichen Dienst und immer mehr Vertragsbedienstete, die sich in Bezug auf die Rente wiederum in der gleichen Situation befinden, wie die Arbeitnehmer in der Privatwirtschaft.

Zwei Beispiele, die ich höchst aussagekräftig finde. Daneben gibt es noch viele andere. Das Fazit ist jedoch immer das gleiche: Dieses System, das angeblich so kostspielig ist und keine Zukunft hat, führt dazu, dass jeder fünfte Rentner (darunter eine Mehrheit von Frauen) unter der Armutsgrenze lebt! Vielleicht, sollte man das System tatsächlich verteufeln, dann aber aus diesem Grunde! Und es durch einen Mechanismus ersetzen, der die Karten neu durchmischt und allen Rentnern ab 65 Jahren ein menschenwürdiges Leben garantiert.

Eigentlich nimmt die Rechte das Rentensystem heute nur deshalb unter Beschuss, weil so mancher darin ein durchaus saftiges Früchtchen erkannt hat. Schließlich bringt unser Umlagesystem ja nur den Rentnern Vorteile ...

Das Ziel der Rechten und ihrer Handlanger am Regierungshebel besteht darin, das System zu kippen und die Gewinne, die es abwerfen könnte, neu auszurichten. Es geht darum, einen Kapitalbildungsmechanismus einzuführen, der langfristig als alleinige Methode übrigbliebe und vollkommen an die Finanzmärkte gebunden wäre. Klar, das gibt es auch schon heute: Es ist die berühmte „zweite Säule“, von der einige bereits profitieren: Eine bestimmte Summe wird von der Vergütung des Arbeitnehmers einbehalten und am Kapitalmarkt investiert. Aber das Gesetz hat eine ganze Reihe von Schutzvorkehrungen eingebaut, um dem Arbeitnehmer einen bestimmten Mindestertrag zu sichern. Das Risiko übernimmt, grob gesagt, der Arbeitgeber.

Und mit genau diesen Schutzvorkehrungen möchte die Rechte aufräumen: Der Arbeitnehmer zahlt länger ein, weil er ja länger arbeitet. Bricht der Markt unglücklicherweise ein, so trägt er das finanzielle Risiko. Und die Kapitalisten schaufeln die Gewinne, die mitunter recht satt ausfallen können. (Wobei ihnen der Staat im Fall eines Crashs zweifellos eine Garantieleistung anbieten wird ...)

Dabei gibt es auf diesem Gebiet auch kein unausweichlicheres Schicksal als anderswo. Eine würdige Rente entsprechend dem berufsübergreifenden Mindestlohn (1.500 €) ist für alle möglich, in Verbindung mit einem Wohlfahrtsstaat, einer Indexbindung und einer Abschaffung der Diskriminierung zwischen Mann und Frau. Es ist nur eine Frage des politischen Willens und auch der Neuausrichtung der Steuer- und Finanzströme unseres Landes. Außerdem ist es eine Frage der Gerechtigkeit. So können dann wir über unsere Rente verfügen. Und nicht die anderen.

Nico Cué, Generalsekretär