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Indignons-nous

Nico Cué

C’est l’automne des défis. Ce sera sans doute aussi l’hiver des défis. Deux saisons 2015/2016 qui sont, pour la gauche et la solidarité, celles de deux immenses challenges.
Le premier, c’est notre lutte contre la politique du gouvernement Michel. Le combat est enclenché, à nous de le poursuivre.

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

Le second, c’est de faire en sorte que ce pays et ses autorités se conduisent envers les demandeurs d’asile qui frappent à la porte de l’Europe avec ce sens de l’humain et du respect des autres qui fait que parfois, comme dans certains dossiers éthiques (tels le droit de mourir dans la dignité ou de choisir librement son modèle familial), nous sommes à la pointe du monde.


Ces deux défis qu’il faut relever ont une même origine : l’incapacité du système capitaliste à déboucher sur un monde juste, généreux, où tous trouvent leur place. Les Irakiens, les Syriens, et tous les Africains entre autres qui s’embarquent sur des rafiots pourris pour traverser la Méditerranée fuient la misère, la guerre, bien souvent les deux. Mais ces guerres, cette misère, ont une seule et même origine : nous-mêmes et le système dans lequel nous vivons. L’Irak, la Syrie, la Lybie sont à feu et à sang au nom d’intérêts qui sentent mauvais le pétrole et la volonté de contrôler de grands axes de communication mondiaux. L’Afrique noire crève pour que nous puissions prospérer de son exploitation. « Ça ne sert à rien de s’occuper des nouveaux arrivants, empêchons-les d’entrer mais réglons les problèmes là-bas, à la source », entend-on souvent de la bouche des « bonnes âmes » qui peuplent les cafés du commerce des réseaux sociaux.  Comme si « régler le problème » à la source n’était pas d’abord remettre en cause les fondements mêmes du monde dans lequel nous vivons.


Leur discours n’est au fond jamais qu’un alibi à ne rien faire, à se calfeutrer chez soi. On s’étonne des barbelés à la frontière hongroise, mais combien d’Européens ne sont pas, dans leur for intérieur, heureux que les Hongrois fassent le sale boulot ? La Hongrie, membre d’une Europe née d’une volonté de paix et de démocratie, de justice sociale et d’égalité, est devenue pour d’aucuns une sorte de garde-chiourme pas sympathique mais efficace. Et personne ne pense envoyer là-bas une Troïka comme on l’a fait pour les Grecs, doublement coupables d’avoir respecté les règles de la démocratie mais pas celles du capitalisme financier.


Ceux qui sont à nos frontières, aujourd’hui, ne sont pas des demandeurs d’asile, des réfugiés ou des migrants. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants. Nous devons les aider. Les flux d’hommes d’un pays vers l’autre sont une constante de l’histoire humaine. Nous en avons eu notre lot, ici en Belgique, et pas plus tard qu’au siècle dernier. Ces gens que nous avons accueillis ont enrichi notre pays, l’ont ouvert au monde encore un peu plus. Et ces gens qui arrivent ne seront pas les derniers sauf si justement, on change les règles du système de fond en comble. Mais comment y croire aujourd’hui ?


Nous devons donc les aider. Gagner leur cause, d’abord, dans l’opinion publique. Vous l’aurez remarqué comme moi, dans de nombreux milieux, un discours de rejet s’installe. Il frappe même certains que nous aurions pu il y a peu considérer comme « de gauche », il percole dans les réseaux « sociaux », il transpire dans les médias, dans les congrès politiques, dans les décisions…  Le refus de l’autre s’installe, sournoisement. Et quand un secrétaire d’Etat propose de financer des campagnes de publicité à l’étranger sur le thème « ne venez pas chez nous », ce qui est spectaculaire, surtout, c’est le peu de réactions que cela suscite. On annonce cela comme s’il s’agissait d’un banal achat d’espace promotionnel, on se dit qu’après tout le type est d’extrême-droite, et de là à penser qu’il n’a pas tort…

Comme paraît loin le succès du livre de Stéphane Hessel en 2010, « Indignez-vous ». 
Oh oui, indignons-nous donc. Révoltons-nous contre le sort que le gouvernement fait aux demandeurs d’asile déjà chez nous : traités dans des conditions de vie inférieures aux critères du Haut Commissariat aux Réfugiés, confrontés à une administration submergée et d’ailleurs, comme Fedasil, largement en train de disparaître pour raison d’économies budgétaires. Et voilà des patrons qui prospectent dans les files après avoir constaté que ces nouveaux arrivants étaient souvent diplômés et anglophones ; après tout, ne serait-ce pas une bonne réserve de main-d’œuvre, pas chère, corvéable, le rêve de tout patron, une sorte de robot en somme, mais qui serait vivant ?


Des citoyens ont dû s’organiser pour que les choses se passent mieux, ou moins mal. C’est réjouissant, parce que ça montre que le sens de la solidarité n’a pas déserté. C’est terrible, parce que cela veut dire que les pouvoirs publics ont été rendus incapables de remplir leur mission et donc que le système dans lequel nous vivons a encore gagné, contre nous, contre ces hommes et ces femmes qui le fuyaient.


Nous pouvons aider. Par nos dons. Par une participation aux structures qui, au sein de la FGTB, coordonnent ce combat. Par notre indignation enfin, contre cette façon de gouverner. Deux défis, écrivais-je au début… Ou bien plutôt deux facettes d’un seul défi : mettre à terre une politique, celle de la droite et de la finance.

Nico Cué

Secrétaire général

 

Empören wir uns

Es ist der Herbst der Herausforderungen. Es wird wahrscheinlich auch ein Winter der Herausforderungen. Während der beiden Saisons 2015/2016 warten gewaltige Herausforderungen auf die Linke und die Solidarität. 


Die erste Herausforderung ist unser Kampf gegen die Politik der Michel-Regierung. Die Schlacht hat begonnen, kämpfen wir weiter. 
Die zweite Herausforderung ist dafür zu sorgen, dass dieses Land und seine Behörden den Aysanträgern, die sich vor den Toren Europas drängen, genau die Menschlichkeit und den Respekt zeigen, die uns in anderen ethischen Auseinandersetzungen weltweit an die Spitze gebracht haben (zum Beispiel das Recht, in Würde zu sterben oder sein Familienmodell frei auszuwählen). 
Die beiden Herausforderungen haben einen gemeisamen Ursprung: das Scheitern des kapitalistischen Systems, eine gerechte, großzügige Gesellschaft zu schaffen, in der alle ihren Platz finden. Iraker, Syrer, Afrikaner und alle anderen, die auf Schrottkähnen das Mittelmeer überqueren, um Elend und Krieg, und meistens beidem zu entgehen. Der Krieg und das Elend haben auch einen gemeinsamen Ursprung: wir selbst und das System, in dem wir leben. Der Irak, Syrien und Libyen werden weitgehend zerstört und Interessen geopfert, die ganz übel nach Erdöl riechen und die Kontrolle über internationale Kommunikationswege an sich reißen wollen. Schwarzafrika blutet langsam aus, während wir uns an seiner Ausbeutung bereichern. « Es macht keinen Sinn, weitere Flüchtlinge aufzunehmen, verhindern wir ihre Einreise und lösen wir die Probleme lieber vor Ort » hört man oft von den « Wohltätigen» in den Chats der sozialen Netzwerke. Setzt die « Problemlösung » denn nicht voraus, dass die Grundlagen unserer heutigen Gesellschaft in Frage gestellt werden?


Dieses Argument ist nur ein Vorwand, untätig zu bleiben und sich zu Hause einzuigeln.  Man ist unangenehm überrascht über die Stacheldrahtzäune an der ungarischen Grenze? Wie viele dieser Europäerinnen und Europäer freuen sich insgeheim, dass die Ungarn die schmutzige Arbeit erledigen. Ungarn selbst verdankt sein Dasein dem Friedenswillen, Demokratiebewusstsein und Streben Europas nach sozialer Gerechtigkeit, und übernimmt nunmehr die Rolle des unfreundlichen aber höchst effizienten Grenzwächters. Nur jetzt denkt niemand daran, die Troika nach Ungarn zu senden wie nach Griechenland, das doppelt schuldig erklärt wurde – weil es die Regeln der Demokratie beachtete und gegen die Regeln des Finanzkapitalismus verstieß. 
Diejenigen, die heute an unseren Grenzen stehen, sind keine Asylanträger, Flüchtlinge oder Migranten. Es sind Männer, Frauen und Kinder. Wir müssen ihnen helfen. Wanderbewegungen der Menschen zwischen Staaten gehören seit jeher zu unserer Geschichte. Auch hier in Belgien haben wir dies erst im letzten Jahrhundert erfahren. Die Menschen, die wir aufgenommen haben, bereicherten unser Land und trugen zu seiner Öffnung nach außen bei. Und die Menschen, die jetzt eintreffen, werden nicht die letzten sein, es sei denn die Regeln unseres Systems werden grundlegend geändert. Aber wie soll das gehen?


Wir müssen ihnen helfen. Und zuallererst die öffentliche Meinung davon überzeugen. Es wird immer deutlicher, dass sich in vielen Kreisen eine ablehnende Haltung breit macht.  Sogar « linke» Kreise bleiben nicht verschont, diese Einstellung durchdringt die « sozialen » Netzwerke, sickert durch die Medien, die politischen Ausschüsse und Entscheidungen… Unmerklich verstärkt sich diese Ablehnung des anderen. Erstaunlicher noch als der Vorschlag eines Staatssekretärs, im Ausland Werbekampagnen mit dem Slogan « Kommt nicht zu uns! » zu finanzieren, ist der Umstand, dass kaum einer reagiert. Die als banale Werbeaktion verharmloste Kampagne regt keinen wirklich auf, es handelt sich ja um die extreme Rechte, und vielleicht hat diese ja auch nicht ganz unrecht… Der durchschlagende Erfolg von Stéphane Hessels « Empört Euch !» im Jahr 2010 scheint weit zurückzuliegen.


Empören wir uns also. Lehnen wir uns gegen das Los  auf, das die Regierung den Asylanträgern bei uns beschert: Lebensbedingungen, die keineswegs den Anforderungen des Hohen Flüchtlingskommissariats entsprechen, der Kampf mit völlig überforderten Behörden, falls diese noch nicht – wie Fedasil – weggespart wurden. Und Arbeitgeber, die Warteschlangen nach billigen und  flexiblen Arbeitskräften absuchen, weil viele der Neuankömmlinge englisch sprechen und einen Abschluss haben, ein Traum für jeden Arbeitgeber – eine Art Roboter, aber lebendig. 


Bürgerinnen und Bürger wurden aktiv, damit die Dinge besser oder nicht ganz so schlecht laufen. Ein positives Signal, das zeigt dass es noch Solidarität gibt. Ein negatives Signal, das darauf hinweist dass die öffentlichen Dienste ihren Auftrag nicht mehr erfüllen können und das System, in dem wir leben wieder die Überhand über die fliehenden Männer und Frauen gewonnen hat. 
Wir können helfen. Durch unsere Spenden. Durch die Teilnahme an den Strukutren, die in der FGTB diesen Kampf führen. Und schließlich durch unsere Empörung gegen dieses Regieren. Ich sprach zu Beginn von zwei Herausforderungen… Oder eher zwei Seiten einer Herausforderung: Der Sieg über eine Politik – die der Rechten und die der Finanzen.

Nico Cué

Generalsekretär