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La presse et nous (suite) - Anversois sous la suédoise

Nico Cué

La presse a du pouvoir. La presse est un pouvoir ni contrôlable, ni contesté.

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

Les médias font l’ordre du jour des débats politiques. Ils imposent ainsi aux francophones de réagir systématiquement aux saillies du bourgmestre d’Anvers qui, mieux que les autres, en a compris les ressorts.

Ils organisent aussi la hiérarchie des indignations populaires.  Un décès à l’occasion d’un mouvement social peut noircir de procès d’intentions bien plus de pages que les dizaines d’accidents mortels du travail par an.

Enfin, ils théorisent, pour l’imposer, une logique éditoriale immorale. Le « mort kilométrique » est, par exemple, la règle selon laquelle la « valeur informative » d’un disparu dépendrait de la distance qui le sépare du lecteur. Cette « loi du journalisme » enseigné dans les écoles de communication les amène à s’inquiéter prioritairement du nombre de « Belges » tombés dans tel attentat, tel accident....

Il n’y aurait pas d’alternative ; un autre journalisme ne serait pas possible. Parce qu’ils travailleraient à la satisfaction présumée de leurs consommateurs ; le marché tel qu’ils se le représentent se révèle ainsi comme leur unique régulateur ?

Sous l’emprise libérale de cette conception dominante, la progressive métamorphose d’un pluralisme des titres en une monoculture éditoriale n’a pourtant pas aligné nos rédactions dans des engagements partisans. Sont-elles devenues pour autant indépendantes ? Elles étaient « dirupolâtres » sous le gouvernement précédent. Elles sont « anversoises » sous la « suédoise ». La permanence semble se trouver dans le sillage du pouvoir et dans l’idée que le pouvoir démocratique résiderait dans une loi du nombre. La survie des médias marchands dépendant du volume de leurs clients, caresser la démocratie dans le sens du poil, assure de maximaliser le public des  « cochons payeurs ». Aujourd’hui, cette explication ne tient plus la route puisque les francophones sont gouvernés par une majorité belge où leurs représentants sont très minoritaires…

L’avis du sérail

Dans sa dernière livraison, la revue « Politique » propose un éclairage[i] précieux de Jean-Jacques Jespers, journaliste et professeur en sciences de l’information et de la communication. Il écrit des choses qu’un observateur extérieur au sérail se verrait sans doute reprocher violemment :  « Le souci de « pluralisme démocratique » n’ira pas jusqu’à rappeler que c’est sur les « désagréments » causés par l’action que les conquêtes du mouvement ouvrier se sont construites, ni que la violence première consiste dans l’inégalité et l’exploitation, écrit-il. Certains verront là un indice de l’infléchissement par les actionnaires de la ligne éditoriale du média afin que celui-ci défende leurs intérêts de classe (…) la construction de l’événement par les médias se fondent en grande partie sur l’anticipation des préjugés que leurs dirigeants imputent, à tort ou à raison, à leur clientèle (…) De même les dirigeants des médias mainstream infèrent de leurs contacts au sein de leur milieu que les catégories sociales où se recrute la majorité de leur public solvable considèrent l’action syndicale avec hostilité. Il est d’ailleurs piquant de constater que le 24 octobre, dans la foulée des critiques envers les syndicats, La Libre consacrait un éditorial à s’apitoyer sur le sort des « cadres dirigeants, titulaires des professions libérales »... » La voix de sa classe, alors ?

Dans un ouvrage qui date de 2004[ii], l’actuel rédacteur en chef du Monde Diplomatique, Serge Halimi, analysait le rôle des médias dans l’Angleterre de Thatcher avec le même prisme: « Le faux « contre-pouvoir » de la presse conforte le nouveau pouvoir des marchés, dont les médias sont des acteurs de premier plan. La gauche le sait, et elle a choisi de s’en accommoder. Non pas par souci de « modernité » mais parce qu’elle en a peur. On chercherait en vain dans son programme (…) une critique de l’ordre médiatique ne se contentant pas de déplorer quelques symptômes isolés de la manipulation mais s’attaquant à ses racines » (p. 451).

Quelques pages plus loin, il décrit par le menu comment les services secrets britanniques ont discrédité Arthur Scargill, le leader syndical des mineurs… avec la complicité du Daily Mirror ! Après avoir rappelé que ces grévistes s’étaient opposés « une fois encore aux responsables modérés de la confédération syndicale. Par crainte de perdre l’appui de l’ « opinion publique », ces derniers plaident pour le respect d’une légalité blindée des dispositions antiouvrières » (p. 454).

Ce rappel historique trouve une résonnance funeste en ce début d’année marquée notamment par la grève de nos camarades cheminots… et par l’application d’astreintes à un militant dont l’identité n’avait pourtant pas été relevée sur le piquet !

Nico Cué
Secrétaire général

 

 

[i]  « Préjugés de classe et ligne éditoriale » in « Politique revue de débat », numéro 93, janvier-février 2016.

[ii]  « Le grand bond en arrière. Comment l’ordre libéral s’est imposé au monde », Serge Halimi, Fayard, 2004.

 


Die Presse und wir (Fortsetzung): 
„Antwerpener unter der schwedischen Koalition“

 

Die Presse hat Macht. Die Presse ist eine Macht, die weder kontrollierbar ist, noch angefochten wird. 
Die Tagesordnung für alle politischen Diskussionen erstellen die Medien. So stiften sie beispielsweise die Französischsprachigen dazu an, auf die Verbalattacken des Antwerpener Bürgermeisters – der seinerseits die Spielregeln bestens verstanden hat – systematisch zu reagieren.


Die Medien bestimmen auch, wie groß die Empörung des Volkes sein darf. Ein Todesfall im Rahmen einer Gewerkschaftsaktion füllt – mit boshaften Unterstellungen – meistens deutlich mehr Seiten, als die zig Arbeitsunfälle mit tödlichem Ausgang, die jährlich zu beklagen sind.


Die Journalisten entwickeln ihre eigene, unmoralische Logik, der wir uns nicht entziehen können. So steht der „Informationswert“ einer Todesmeldung beispielsweise im direkten Verhältnis zur Entfernung zwischen uns und dem Toten. Eine Art „journalistisches Gesetz“, das wohl an den Kommunikationsschulen gelehrt wird, veranlasst die Presse, sich immer zu allererst darum zu sorgen, wie viele „Belgier“ einem Attentat, einem Unfall usw. zum Opfer gefallen sind.


Angeblich gibt es keine Alternative; ein anderer Journalismus ist nicht möglich. Denn einziges Ziel ist die mutmaßliche Zufriedenheit der Kunden. Ist also der Markt – und zwar der Markt nach ihrer eigenen Wahrnehmung – der einzige Regulierungsfaktor der Medien?


Unter dem liberalen Einfluss dieser maßgeblichen Antriebskraft kam es zu einer schrittweisen Metamorphose von einer pluralistischen Presselandschaft hin zu einer redaktionellen Monokultur – die unsere Redaktionen jedoch noch lange nicht zu engagierten Partisanen macht. Sind sie stattdessen aber unabhängig und neutral? Bei näherem Hinsehen wird schnell offenkundig, dass die journalistische Prägung unter der letzten Regierung noch „dirupolisch“ war. Seit Bildung der schwedischen Koalition sind dann alle Pressevertreter zu überzeugten Antwerpenern geworden. Eine Konstante ist dennoch erkennbar: Die Medien folgen immer der Macht ... wobei die Macht in einer Demokratie einem einfachen Zahlengesetz unterliegt. Das Überleben der kommerziellen Medien hängt ganz schlicht von der Zahl ihrer Kunden ab. Folglich kommt es immer darauf an, der demokratischen Mehrheit nach dem Mund zu reden, denn nur so lässt sich aus den Milchkühen, sprich der Öffentlichkeit, das meiste herauspressen. Aber selbst diese Erklärung ist inzwischen nicht mehr ganz stichhaltig, denn die Frankophonen werden gerade von einer belgischen Mehrheit regiert, in der ihre eigenen Vertreter nur eine Randerscheinung bilden ...


Die Meinung des Kreises der Auserwählten
In ihrer jüngsten Ausgabe liefert die Zeitschrift „Politique“ eine wertvolle Erklärung  von Jean-Jacques Jespers, seines Zeichens Journalist und Professor der Informations- und Kommunikationswissenschaften. Er schreibt da Dinge, die einem externen, dem Kreise der Auserwählten nicht zugehörigen Beobachter, wahrscheinlich heftigst vorgeworfen würden:  „Die Sorge um den ‚demokratischen Pluralismus’ geht nicht so weit, dass man sich veranlasst sähe in Erinnerung zu rufen, dass die Errungenschaften der Arbeiterbewegung eben den Unannehmlichkeiten zu verdanken sind, die ihre Aktionen verursacht haben, oder dass die Ausübung von Gewalt zunächst in der Form von Ungleichheit und Ausbeutung bestand“, schreibt er. „Manche werden darin einen Hinweis darauf sehen, dass die Redaktionspolitik sich in erster Linie den Interessen der Aktionäre beugt (...). Die Führung der Mainstream-Medien richtet die Nachrichten zum Großteil nach den mutmaßlichen Vorurteilen ihrer Kundschaft aus (...) Genauso, wie sie aus ihren Kontakten zur Szene schlussfolgert, dass die Gesellschaftsklassen, denen ihre zahlungskräftigen Kunden mehrheitlich angehören, Gewerkschaftsaktionen eher feindselig gegenüberstehen. Ein pikantes Detail: Am 24. Oktober widmete La Libre Belgique im Zuge von geballter Kritik an den Gewerkschaften einen ganzen Leitartikel dem Schicksal der bedauernswerten „Führungskräfte und Freiberufler“... Machte sie sich damit zur Stimme dieser Klasse?


 In einem Werk aus dem Jahre 2004 analysierte der heutige Chefredakteur des „Monde Diplomatique“, Serge Halimi, die Rolle der englischen Medien unter Margaret Thatcher aus demselben Blickwinkel: „Die falsche ‚Gegenmacht’ der Presse stärkt die neue Machtposition der Märkte, deren Akteure an vorderster Front wiederum die Medien selbst sind. Die Linke weiß dies und hat sich damit arrangiert. Nicht um ‚modern’ zu sein, sondern aus Furcht vor diesem Umstand. Eine substanzielle Kritik an der Medienwelt, die sich nicht nur darauf beschränkt, einige vereinzelte Symptome von Manipulation anzuprangern, wird man in ihrem Parteiprogramm (...) vergeblich suchen.“ (S. 451).


Einige Seiten weiter beschreibt er im Einzelnen, wie der britische Geheimdienst den Gewerkschaftsführer der Bergleute, Arthur Scargill, diskreditierte ... und zwar mit freundlicher Unterstützung des Daily Mirror! Der sich daran zu erinnern beeilte, dass die Streikenden sich „ein Mal mehr den gemäßigten Verantwortlichen des Gewerkschaftsbundes widersetzt“ hätten. „Aus Angst, die Unterstützung der ‚öffentlichen Meinung’ zu verlieren“, hätten letztere „auf die unzweifelhafte Rechtmäßigkeit der arbeiterfeindlichen Bestimmungen“ verwiesen.  (S. 454).


Dieser kleine Ausflug in die Geschichte findet einen unseligen Widerhall in diesem Januar, der nicht zuletzt vom Streik unserer Genossen von der Eisenbahn geprägt war ... und von der Erhebung eines Zwangsgelds gegenüber einem Aktivisten, obschon dessen Identität vom Streikposten nicht aufgenommen wurde!


Nico Cué
Generalsekretär