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Même le poids des chaînes ne sera plus négociable…

Nico Cué

Les casseurs sont au « 16 ». Plus que dans la rue ! Plus que dans nos manifs ! Le premier président de la Cour de Cassation a pris sur son temps de midi, un dimanche, pour venir le dire avec force, sur un plateau de la télévision publique. En prenant la nation à témoin, il a déchiré une feuille de papier : en mettant en morceau le recto, on ne protège pas le verso, a-t-il expliqué. En cassant la Justice, c’est l’Etat que détruit le gouvernement fédéral. Fort. Inquiétant surtout parce que c’est précisément le projet politique de la NVA !

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

A la fin du siècle dernier, les chrétiens de gauche étaient inspirés par une «théologie de la libération» : elle soulignait qu’il y a trois sortes de violences. La première est institutionnelle. C’est elle qui exerce la domination sur les dominés. La seconde est révolutionnaire. Elle naît de la résistance à la première. La troisième est la violence répressive. Elle a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant complice de la première à l’origine des autres. « On parle toujours de la violence du fleuve, jamais de celle des berges qui l'enserrent, » écrit Berthold Brecht dans la même veine.

« Il n’y a pas de pire hypocrisie que de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue », pensait Helder Camara. C’est pourtant régulièrement ce que font les éoliennes médiatiques face aux vents dominants. Evidemment les choses prennent une autre tournure quand c’est un représentant de l’élite judiciaire qui vient exprimer l’évidence ; surtout s’il parle avec assurance, la voix claire et avec des airs de séminaristes officiant en camp scout…
Alors, le sol se dérobe soudain sous les pieds des autorités et le roi est nu.

Charles Michel est mal
D’abord, le Premier s’est tu. Il s’est presque caché. Il a abandonné le ministre de la Justice dans la gestion d’une grève exemplaire du personnel des prisons du sud du pays. Ensuite, trois patrons - à qui personne n’avait rien demandé - lancent dans un quotidien gouvernemental un appel pour remplacer les «politiques» par des «équipes d’experts» pour gérer cinq projets transversaux qui «nous sortiraient» du… marasme. Une mise entre parenthèses de la démocratie représentative, en quelque sorte. Rien que ça.
Michel décide enfin de réapparaître dans un exercice de com’. Foin de marasme, explique-t-il sans convaincre : «C’est du pessimisme…»  Puis, ce n’est pas lui, c’est les autres. C’est la faute au passé, aux coalitions précédentes… dont son parti était pourtant partie prenante. Pas d’importance. On est dans la com’ ! Pas dans la réalité. Comme quand le ministre des Finances justifie le Tax shift dans les enveloppes de nos « contributions » : personne n’y croit parce qu’on sait ce qu’on a dans le porte-monnaie !

La fin de cette semaine infernale se révèle plus difficile encore pour la droite. L’«irresponsable autoproclamé» part en week-end, lâché par son partenaire de coalition, son mentor, le chef d’Anvers. Les sondages sont catastrophiques. La majorité n’aurait plus de majorité à la Chambre. Et De Wever confirme sur la VRT « la tempête ». Il lâche : « Cette coalition ne dégage pas d’ambition collective, n’affiche pas de cohésion, ne donne pas de perspective. Tout ne va pas bien en Belgique, même au sein de la suédoise ». Le gouvernement tombe ? Non, le lendemain, dans le Vif, l’Anversois rétropédale et réitère l’appui des nationalistes flamands au Premier ministre. La NVA soutient ainsi le MR comme la corde le pendu !

Seul Denis Ducarme porte encore à bout de bras « son » Premier ministre. C’est une autre expérience de la solitude. Dans le sud du pays, s’il faut croire les récents sondages, le MR aurait perdu un électeur sur cinq de 2014. Stop ou encore ?

Le mépris des travailleurs est une impasse
Et pendant ce temps, les travailleurs concernés par les élections sociales ont fait la démonstration de leur mobilisation. Ils présentent des taux de participation record aux élections sociales où le vote n’est pas obligatoire. Une leçon de démocratie et une réponse cinglante au bashing antisyndical ambiant !

A l’heure  où ces lignes sont couchées sur papier, la grève se poursuit dans les prisons. Les négociations avec le patronat sur la compétitivité tournent court. Les militants se préparent pour une troisième manifestation nationale en front commun en moins de deux ans d’un gouvernement de misère. Deux grèves générales sont inscrites au calendrier.

La société craque de toutes parts. Le pouvoir fédéral se gargarise de concertation sociale. Il entend néanmoins décider tout seul et donne l’impression de ne même plus vouloir discuter du poids des chaînes…

La démocratie chancelle sous les contraintes des politiques d’austérité et la tentation autoritaire gagne du terrain à droite.

Nico Cué
Secrétaire général 
 

Selbst das „Gewicht der Ketten“ ist nicht mehr verhandelbar ...

Die Schläger sitzen in Nummer 16. Da geht weitaus mehr zu Bruch als auf der Straße, bei unseren Demos. An einem Sonntagmittag hat der erste Vorsitzende des Kassationshofes die Zeit gefunden, es im öffentlich-rechtlichen Fernsehen laut auszusprechen. Das ganze Land war Zeuge, wie er ein Blatt Papier zerriss: „Man kann nicht die Vorderseite zerstückeln und dabei die Rückseite schützen. Indem sie die Justiz kaputt macht, zerstört die Föderalregierung auch den Staat.“ Starke Worte. Beunruhigende Worte, da sie dem politischen Ziel der N-VA bedrohlich nahe kommen.

Ende des letzten Jahrhunderts orientierten sich viele „linke“ Christen an der so genannten „Befreiungstheologie“. Diese unterschied drei Arten von Gewalt. Erstens, die institutionelle. Sie beherrscht diejenigen, die sie zuvor unterworfen hat. Zweitens, die revolutionäre. Sie entsteht aus dem Widerstand gegen die erste. Und Drittens, die repressive Gewalt. Um die zweite zu ersticken, macht sie sich zur Komplizin der ersten, Auslöserin der übrigen. „Der reißende Strom wird gewalttätig genannt, aber das Flussbett, das ihn einengt, nennt keiner gewalttätig“, schrieb dazu schon Bertolt Brecht.

„Nichts ist scheinheiliger, als nur die Zweite als Gewalt zu bezeichnen und dabei Vergessen der Ersten zu heucheln, die sie hervorgebracht hat, und Vergessen der Dritten, die sie mordet“, formuliert es Dom Hélder Câmara. Genau das aber tun die Windräder der Medien unter den vorherrschenden Winden. Natürlich nehmen die Dinge eine spannende Wendung, wenn ein Vertreter der richterlichen Elite das Offensichtliche in Worte fasst. Umso mehr, wenn er dies selbstbewusst, mit klarer Stimme und dem Charme eines Seminaristen im Pfadfinderlager tut ...

Da brennt den staatlichen Behörden plötzlich der Boden unter den Füßen und der König ist nackt.

Charles Michel in der Klemme
Zuerst hat der Premier geschwiegen. Er hat sich fast versteckt. Den Justizminister hat er mit der Bewältigung eines beispiellosen Streiks des Gefängnispersonals im Süden des Landes im Regen stehen lassen. Dann traten drei Arbeitgeber auf den Plan, die übrigens niemand nach ihrer Meinung gefragt hatte. In einer regierungstreuen Tageszeitung forderten sie, die Politiker gegen „Expertenteams“ auszutauschen, um fünf übergreifende Projekte durchzuführen, die uns aus dem Schlamassel herausholen sollen. Im Klartext forderten sie also nichts weniger als ein Ausklammern der repräsentativen Demokratie.

Und endlich tritt Michel mit einem pflichtmäßigen, inhaltlich wenig überzeugenden politischen Diskurs wieder an die Öffentlichkeit. Welcher Schlamassel? „Alles nur Pessimismus ...“ Und sowieso nie seine Schuld, sondern immer die der anderen. Die Schuldigen sind in Vergangenheit, in den früheren Koalitionen zu suchen ... Pikantes Detail: Seine Partei war an diesen Koalitionen beteiligt. Aber welche Rolle spielt das schon. Das ist politischer Diskurs, nicht die Realität. Genauso, wie wenn der Finanzminister den Tax Shift erklärt: Glauben tut ihm niemand, denn wir wissen ja alle, was wir in der Brieftasche haben!

Doch trifft das Ende dieser entsetzlichen Woche die Rechte noch entsetzlicher. Der selbsternannte Pontius Pilatus geht ins Wochenende. Von seinem Koalitionspartner und Mentor, dem Boss von Antwerpen, schmählich im Stich gelassen. Die Umfrageergebnisse sind katastrophal. Demnach hätte die Mehrheit ihre Mehrheit in der Kammer verloren. Und De Wever bestätigt tatsächlich den Ausbruch des „Sturms“ in der VRT. „Diese Koalition hat keine kollektiven Ambitionen, zeigt keinen Zusammenhalt, eröffnet keine Perspektiven. Nicht alles ist gut in Belgien, auch nicht innerhalb der Schwedischen Koalition.“  Wird die Regierung stürzen? Nein, denn schon am nächsten Tag, im Gespräch mit Le Vif, rudert der Antwerpener zurück und sichert dem Premierminister die Unterstützung der flämischen Nationalisten zu. Die N-VA hält die MR, wie das Seil den Gehängten!
Allein Denis Ducarme greift „seinem“ Premierminister noch unter die Arme. Eine völlig neue Erfahrung der Einsamkeit. Jüngsten Meinungsumfragen zufolge hat die MR im Süden des Landes ein Fünftel ihrer Wähler von 2014 verloren. Stopp oder weiter?

Die Geringschätzung der Arbeitnehmer führt in die Sackgasse
Währenddessen haben die mit Sozialwahlen befassten Arbeitnehmer ihre Mobilisierung unter Beweis gestellt. Es gab eine Rekordbeteiligung, obschon hier keineswegs Wahlpflicht besteht. Eine Lektion in Demokratiebewusstsein und eine Antwort auf das gerade so populäre „Gewerkschafts-Bashing“, wie sie deutlicher nicht sein könnten.

Während ich diese Zeilen schreibe,  dauert der Streik in den Gefängnissen immer noch an. Die Verhandlungen mit den Arbeitgebern über Wettbewerbsfähigkeit laufen ins Leere. Die Aktivisten bereiten sich, weniger als zwei Jahre nach dem Amtsantritt einer erbärmlichen Regierung, in gemeinsamer Front auf eine dritte landesweite Demonstration vor. Es wurden bereits zwei Generalstreiks anberaumt.

Die Gesellschaft knackt in allen Fugen. Die Föderalregierung berauscht sich an der sozialen Konzertierung. Trotzdem beabsichtigt sie ganz klar, allein zu entscheiden und erweckt den Eindruck, über das „Gewicht der Ketten“ nicht einmal mehr diskutieren zu wollen ...

Die Demokratie gerät unter den Zwängen der Sparpolitik ins Straucheln und im rechten Lager lockt die autoritäre Versuchung.

Nico Cué
Generalsekretär