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On ne pourra plus dire qu’on n’a pas été prévenu…

crise financière

Lehmann Brothers, c’était il y a dix ans. La faillite de cette banque américaine déclenchait une tempête dans le monde financier. Nous n’avons pas fini d’en payer les conséquences et nous serions déjà à la veille d’un nouveau tsunami de plus grande ampleur encore. Plus une semaine ne se passe sans qu’un nouvel observateur ne s’en inquiète dans les médias officiels…

Edito de Nico Cué


La Grèce a été le laboratoire social, à l’échelle d’un Etat de l’Union européenne, de nouvelles expériences de domination d’une population toute entière mise à genou par un pouvoir extérieur  à son propre pays. Elle sort, ces jours-ci, d’un long tunnel : une mise sous tutelle de sa propre souveraineté par un trio infernal de créanciers publics (Banque Centrale, FMI, Commission européenne). Un gouvernement progressiste a été corseté dans des contraintes budgétaires intenables. La population a payé le prix fort.


Aujourd’hui, les Cassandre sont légion à annoncer, et pour bientôt, une nouvelle crise financière. Plus grave encore que celle de 2008. De Patrick Artus à Pierre Larrouturou en passant par Georges Ugeux, par exemple.


C’est que rien n’a été fait, ou si peu, pour éviter que les mêmes erreurs ne produisent les mêmes effets. Pas de ralentissement des flux de capitaux. Pas de séparation nette entre les banques d’affaires et les banques d’épargne. Au contraire : développement de technologies qui accélèrent encore les processus d’échange et… de contagions en cas de panique. Une croissance insensée d’un « shadow banking » qui cache une partie de plus en plus importante de l’activité financière et la place hors de toute régulation et de tout contrôle public. Les quelques nouvelles règles (portant notamment sur la solvabilité des banques commerciales) apparaissent comme de bien faibles remparts face à la déferlante qu’on nous annonce.


Les voix les plus autorisées s’élèvent pour crier au loup. Comme celle de Cassandre dans la mythologie grecque, elles ne sont ni entendues ni prises en considération, semble-t-il.
Elles traduisent pourtant une réalité assez simple à comprendre. Même pour des non-initiés ! En fait, le mécanisme le plus simple à décortiquer à celui des prêts privés consentis par les banques commerciales. A la faveur des politiques de taux d’intérêt bas, leur croissance est (très) nettement supérieure à celle de l’économie réelle. C’est le principe même de la création de bulles financières dont l’éclatement peut, à tout moment, mettre sur la paille le prêteur qui ne sera pas remboursé.


Merci qui ?
La perspective d’une remontée des taux d’intérêt (qui est envisagée par la Réserve Fédérale américaine et, en conséquence de réflexes moutonniers, par d’autres grandes banques centrales) font craindre aux acteurs économiques (boursiers singulièrement) l’éclatement d’une de ces bulles et des effets en chaîne. Et ce ne sont pas les bulles qui manquent : immobilières, liées aux bourses d’études, aux nouvelles technologies, à l’énergie… Champagne ?


Les observateurs s’angoissent. Ils constatent que depuis la déstabilisation du système financier au siècle passé (depuis la fin des accords de Bretton Woods), les crises s’accélèrent et surtout s’aggravent.


Nous n’avons pas fini d’essuyer les conséquences de celle de 2008 que la suivante frappe à nos portes.


Les Etats ont épongé les pertes des banques privées. Ils ont adressé la facture vers les travailleurs (à travers le blocage des salaires, le saut d’index…) ; vers les consommateurs (frappés par des hausses de TVA, sur l’électricité par exemple) ; vers les malades (victimes des coupes sombres dans les budgets de l’Inami) ; vers les pensionnés (voir l’allongement des carrières et la réforme des pensions) ; vers les travailleurs sans emploi (réformes du chômage et cortège d’exclusions…). Et pendant ce temps-là,  les dividendes (rémunération du capital très visible dans les comptes des entreprises) se sont envolés : 12,5 milliards en 2017 pour les seules entreprises cotées (dixit le journal « L’Echo », le 31 mars 2018).


Ce sont là les conséquences très concrètes de choix politiques. « A mon avis, il faudrait une hausse des impôts des sociétés. Les entreprises ne représentent que 10% des recettes fiscales en Europe et c’est le consommateur qui paie via la TVA ». Celui qui déclarait cela à la Libre Belgique le 28 mai dernier n’est ni syndicaliste ni militant de gauche. Mais un ancien vice-président de la Bourse de New-York… Le Belge Georges Ugeux !


Nous voici donc prévenus. Une nouvelle crise pointe. Alors, merci qui ? Ceux qui n’ont pris aucune mesure  pour l’empêcher. Et chez nous, depuis 10 ans, le MR est le seul parti francophone à être resté au pouvoir sans interruption. Pendant une bonne partie de ce laps de temps, il a même régné sur le ministère des Finances !

Nico Cué
Secrétaire général