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Soyons notre propre résolution !

Acteurs des Temps Présents

 

« Nous sommes désormais les destinataires de nos propres revendications. Il nous faut simplement avoir le courage de lire la lettre que nous nous sommes envoyée à nous-mêmes. Il ne s’agit pas de modérer ce qui est à l’œuvre. Il ne s’agit pas de négocier pour que le chemin nous soit un peu moins ardu. Il ne s’agit pas d’aménager l’invivable. Il s’agit simplement de ne pas le vivre et de ne le faire vivre à personne. »

Edito de Nico Cué



En 2013, des Acteurs se trouvaient, venant d’horizons jusque-là séparés, pour déclarer d’une seule voix :


« Que la compétitivité et la rentabilité à tout prix nous tuent à petit feu. Qu’elles vident de sens nos métiers et empêchent que l’on puisse vivre dignement. Que l’austérité est une réponse inacceptable à une crise financière que nous n’avons pas provoquée. Que nous ne pouvons accepter de voir la démocratie confisquée par des institutions non élues. Que la dégradation de notre qualité de vie et de l’environnement est incompatible avec la notion de progrès. Que le manque de perspectives pour les jeunes et la peur du lendemain ne sont pas l’héritage que nous voulons laisser aux générations futures. »


Il y avait parmi eux des producteurs, des  agriculteurs, des travailleurs de la culture et du lien social. Des protagonistes. Des curieux.  Des impatients. Tou(te)s citoyen(ne)s ! Ils se sont mis en marche pour mesurer avec les pieds le territoire sur lequel ils entendent être présents. Pour relier les traces d’un avenir souhaitable qui sont déjà là, dans notre paysage. Des expériences ont été tentées. Certains se sont perdus en chemin. D’autres continuent de se retrouver en permanence.


Le « renversement du modèle économique » reste l’actualité de ces « Acteurs des temps présents ». Aujourd’hui encore plus qu’hier. Fédérer ceux qui partagent cette envie, cette nécessité, cette urgence, reste la condition pour fabriquer un autre pays qui soit demain supportable, dans ce pays.


Le 24 février, ces « Acteurs »  ont écrit un texte partagé pour se donner un nouvel élan : « Une déclaration d’extension, un manifeste ». Il précise la Charte de 2013. Il a déjà commencé à évoluer par des notes qui précisent  le contenu de ce qu’ils ont à se dire, de cette expression nouvelle et qui donnent des interprétations concrètes.  Cette assemblée générale a par ailleurs tranché sur ses « instruments statutaires d’actions et d’interventions ». Un groupe de travail est désormais en place et reviendra  avec les outils utiles et nécessaires pour se donner des moyens à nos fins!


Ces mots donnent le sens de la reconquête !
Nous sommes nombreux à partager les mêmes constats. Il s’agit, là, de les dépasser.


« Les choses sont telles qu’elles vont nous disent la barbarie à venir. Bien entendu, elle est déjà là. Elle rôde. Cette barbarie, nous ne nous contentons pas de la constater ou de la redouter. Nous la nourrissons. Nous la désaltérons. » Ainsi s’ouvre cette lettre que nous nous adressons. « Cela fait des années maintenant que nous ne nous surprenons même plus d’accepter de l’alimenter et de l’abreuver. Nous lui avons même donné une place au pied de nos lits, nous dormons avec elle. Nous sommes en train de faire la pire des choses qu’il est possible de faire avec la barbarie : nous nous y habituons ».


Les Acteurs des temps présents affirment avec force que le néolibéralisme, nom commun de cette barbarie, est invivable. Il nous a déclaré la guerre. Aucune des choses de nos vies qui ont été rendues difficiles et complexes ne peut plus justifier notre inertie. Il ne s’agit plus de revendiquer et d’attendre un changement politique, ni de convaincre et de négocier notre réalité sociale. « Notre proposition est de faire sécession avec les logiques propriétaires et "austéritaires" : faire pays dans un pays ».


Cet appel veut, concrètement, sanctuariser les « matières collectives », défendre sans concession, mètre par mètre, les biens communs et les services publics. Mettre en partage des territoires et du temps. C’est-à-dire créer des espaces nouveaux de solidarité, de coopération et de mutualisation.


Il faut, pour y arriver, reconquérir les rues, les quartiers, les communes, les champs, les usines, les ateliers. Se réapproprier nos espaces. Les reconquérir !


« Le peuple de notre pays est la partie dominée et souffrante de la population qui entend ne faire souffrir ni dominer une autre partie de la population. En fabriquant ce pays dans le pays, nous fabriquons, en même temps qu’un rapport de force, une nouvelle légitimé. Cette légitimité en rencontrera une autre, depuis longtemps installée. Nous ne doutons pas des conflits qui s’ensuivront. Nous ne les craignons pas non plus. L’audace est indispensable, seule l’utopie est réaliste. Nous sommes notre propre résolution ».


La MWB est totalement investie dans la nécessité des Acteurs des temps présents.


Nico Cué
Secrétaire général