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Thierry Grignard : « On n’aura rien sans bouger »

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Une page s’est tournée ce 1er janvier à la FGTB Métal Liège-Luxembourg.

 

Francis Gomez, président depuis 2003, a cédé son mandat, en toute démocratie, à Thierry Grignard, jusque-là secrétaire régional de Liège et premier secrétaire. Rencontre.
-    Thierry Grignard, vous allez changer quoi ?
-    Je vais surtout poursuivre ce qui a été fait, avec le soutien des secrétaires syndicaux, des délégués et des militants. Francis part à la retraite après avoir fait un boulot formidable. Je ne suis pas le même homme que lui, mais je veux suivre la même ligne syndicale : être au service des métallos de Liège et de Luxembourg. A leur service, mais aussi à leur tête dans les combats plutôt chauds qui s’annoncent.
-    Des priorités dans ces combats ?
-    Ce sont les travailleurs qui décideront en fonction des thèmes du moment. Mais on voit bien où on va. Les négociations AIP qui s’ouvrent sont un moment clé pour réclamer plus de pouvoir d’achat. Nous avons encaissé un saut d’index et des AIP nuls les années précédentes. Là, il nous faut quelque chose.
-    Des chercheurs disent que les revenus des gens ont augmenté ces dernières années…
-    Je ne sais pas où ils ont été chercher ça ! La vie quotidienne est de plus en plus chère. Les travailleurs et les allocataires sociaux se paupérisent. Aujourd’hui dans un ménage, même deux salaires ne suffisent plus. Et les années Michel n’ont rien arrangé. On pouvait déjà se plaindre des politiques enclenchées sous les gouvernements précédents, mais la bande à Michel a aggravé les problèmes, sous le regard bienveillant des patrons, qui n’avaient même plus besoin de revendiquer pour avoir gain de cause.
-    Privilégier le pouvoir d’achat, ce n’est pas se déforcer sur le reste ?
-    Bien sûr que non ! Les revendications des travailleurs, c’est un tout. C’est plus de salaires, mais c'est aussi la réduction du temps de travail, de meilleures conditions de travail, des emplois convenables pour tous. Michel dit qu’il crée des jobs, jobs, jobs, mais combien de ces jobs sont des boulots de merde, des demi-horaires ou moins, une totale flexibilité payée des cacahuètes ?  Et la prétendue réduction du chômage, c’est d’abord l’exclusion des chômeurs hors des statistiques pour les envoyer au CPAS. Michel ne publie pas les statistiques CPAS, évidemment…
-    Vous arrivez à un moment où les citoyens semblent vouloir bouger, mais hors des structures syndicales…
-    Les « gilets jaunes » ?  Il ne faut pas les nier, mais il ne faut pas penser qu’ils nous ringardisent, comme certains semblent le souhaiter. A la FGTB Liège, dans l’ascenseur, un anonyme a placardé que les syndicats faisaient des trucs formidables et émettaient les bonnes revendications, mais qu’ils s’y prenaient mal pour le faire savoir. Pouvoir d’achat, lutte contre l’exclusion sociale et pour l’emploi, demande de respect des travailleurs au travers d’un vrai dialogue… Ce sont nos revendications depuis longtemps, dans un cadre structuré et avec force. Et nous devons continuer.
-    Les travailleurs sont prêts ?
-    Au Métal et à Liège-Luxembourg, j’en suis sûr. Et nous ne sommes pas isolés, loin de là. Le combat syndical, ça paye, à condition que ce soit un combat fort. C’est ce que les travailleurs demandent. Les petites promenades symboliques, ça ne sert à rien. Il faut de grandes manifestations, des arrêts de travail, des grèves qui font mal au patronat, et ça dans une perspective de long terme. Pour se renforcer, le syndicat doit obtenir des résultats, et cela passe par un plan d’action en profondeur. Notre pire ennemi, c’est d’attendre. On ne bouge pas pour 36.000 raisons, souvent explicables bien sûr, mais qui finissent par démobiliser les gens. On n’a rien en se croisant les bras. Il ne faut pas croire que les choses peuvent s’arranger sans qu’on doive montrer notre force.