« Modernité ». Un mot qui pue. Outil de propagande moderne qui annonce, en réalité, le retour de l’ancien régime ! Faut-il que tout semble changer pour que rien ne bouge ? Voilà bien la question que posent les premiers temps de la «nouvelle» législature française.
(siehe Deutsche Fassung unten)
Sous les « refondations », c’est à l’évidence un « vieux monde » qui transpire. Derrière les «renouvellements», percent les mêmes rapports de forces. Il apparaît que les banquiers se sont mobilisés pour financer la marche présidentielle. Rien de neuf sous le soleil ? Le recours très médiatisé à la « société civile » aboutit, avec la constitution du gouvernement «Edouard Philippe», à une plus forte représentation encore des élites au pouvoir. Dans l’énumération à la Prévert de cette équipe d’équilibristes, une volée d’universitaires, une ancienne directrice RH de chez Danone qui a fait ses armes chez Dassault pour le ministère du Travail, une patronne de maison d’édition à la Culture, mais pas d’ouvrières à la manœuvre. La parité des genres a servi de paravent à l’absence de disparité sociale de l’équipe. Celle entre « pros » de la politique et les « petits nouveaux » a constitué une second voile pudique lancé sur cette forme de consanguinité sociologique. De nouveaux acteurs pour la même politique ? La réforme au pas de charge et par ordonnance si nécessaire du Code du Travail reste, en tous cas, à l’ordre du jour. Au programme, l’inversion des normes : les accords d’entreprises pourraient demain prévaloir sur la loi et la Constitution.
Lacordaire, journaliste et homme politique catho du XIXe siècle, avait déjà constaté qu’ « entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère ». Après lui, on a attribué tantôt à Jaurès, tantôt à Rosa Luxembourg, tantôt à Lénine l’illustration de la même idée avec une autre image : le libéralisme serait défini comme la « liberté du libre renard dans le libre poulailler l». Macron et Matignon s’attaquent à la loi. Ils se préparent donc à remettre à l’ordre du jour un principe d’ancien régime : la primauté du contrat négocié par le renard avec les poules… Au nom de la modernité.
Belgique-Grèce, même combat
Par ailleurs, la Grèce et ses drames reviennent comme un boomerang dans l’actualité des échecs de la politique d’austérité. La mise à genou de la population, treize réformes des pensions, de sévères politiques antisociales imposées par l’Allemagne et l’Europe n’ont donc pas sauvé le « malade » de l’Union. Au contraire, elles l’ont encore un peu plus affaibli. Aucune des promesses qui accompagnaient les exigences d’efforts inhumains ne s’est réalisée. Le bout du tunnel continue de s’éloigner pour les pauvres. Cette politique est non seulement une catastrophe sociale, c’est aussi un fiasco économique. Qui nous l’explique ? Pas les brillants esprits qui l’ont imaginée ni ceux qui l’ont soutenue, évidement.
Dans d’autres proportions, les mêmes délires mènent aux mêmes dérives chez nous. La Commission européenne vient de rendre son bulletin pour le budget 2017 au gouvernement Michel. Bilan ? Insuffisant... Préparons-nous donc à de nouveaux tours de vis dans les prochaines semaines, au moment des congés. Et cela même si, le Premier ministre annonce dans une courbette face à l’Otan, la fin des désinvestissements au niveau de… l’armée ! Modernité ou Ancien régime ?
La coalition des droites libérales et flamandes camoufle aussi ses choix politiques et ses insuffisances financières, sociales et économiques derrières de sulfureux amalgames sécuritaires. Elle annonce ainsi à l’occasion d’un conclave dédié à la sécurité des mesures liées aux politiques d’asile. Quel rapport ? Qui dénonce cette escroquerie digne de l’extrême droite? Il est question de l’ouverture de nouveaux « centres fermés ». Dormez en paix bonnes gens, vos dirigeants se préparent à enfermer plus encore des pauvres hères dont le seul crime est de n’avoir pas les bons papiers ou d’avoir cherché à fuir la misère et la guerre… Modernité ?
D’autres politiques que celles masquées par les mensonges et la propagande sont possibles. Elles se déploient déjà au-delà du silence qui les entoure. Au Portugal, par exemple, une coalition de la gauche anti-austérité a réussi à juguler les déficits tout en rendant du pouvoir d’achat aux Portugais : augmentation du salaire minimum et des prestations sociales, renoncement à des privatisations et réductions du temps de travail dans les services publics…
Les médias n’ont pas le temps de bien nous expliquer ces alternatives performantes. Pour l’heure, ils sont très occupés à porter la « bonne » parole du patron de la FEB. Celui-ci explique sa vision de la « modernité ». Elle est construite, pour les travailleurs, sur la multiplication des contrats à durée déterminée plutôt que sur le CDI… Ce n’est évidemment pas M. Timmermans, qui doit convaincre le banquier avec qui vous négociez votre prêt hypothécaire, qu’un CDD, c’est plus « moderne » !
La propagande ne fait pas bon ménage avec la vraie vie.
Nico Cué
Secrétaire général
„Modernität“, eine Propaganda
im Konflikt mit dem „wahren Leben“
„Modernität“. Ein Wort, das stinkt. Ein modernes Propaganda-Mittel, das in Wirklichkeit eine Rückkehr zum Altbekannten verdeckt! Muss es so wirken, als ändere sich alles, damit sich in Wirklichkeit gar nichts bewegt? Genau diese Frage werfen die ersten Wochen der „neuen“ französischen Legislaturperiode derzeit auf.
Denn unter dem Mantel der Neugestaltung schwitzt ganz eindeutig dieselbe „alte Welt“. Hinter den „Erneuerungen“ zeichnen sich die bekannten Kräfteverhältnisse ab. Die Banker haben mobil gemacht, um den Marsch von Ihresgleichen auf die Präsidentschaft zu finanzieren. Nichts Neues unter der Sonne? Die in den Medien ausführlich thematisierte Einbeziehung der „Zivilgesellschaft“ führt mit der Bildung der Regierung „Edouard Philippe“ zu einer noch stärkeren Vertretung der Eliten an der Macht. Teil dieser ausschließlich aus Akademikern bestehenden Seiltänzerriege sind auch eine ehemalige Personalleiterin von Danone, die ihre ersten Sporen bei Dassault verdienen durfte und nun – gewissermaßen „gewappnet“ – ins Arbeitsministerium einzieht, sowie die Leiterin eines Verlagshauses, die das Kulturressort übernimmt. Aber keine Arbeiterinnen. Die Geschlechterparität ist die Spanische Wand, hinter der sich die mangelnde soziale Disparität im Team wirksam verbergen lässt. Auch diejenige der „Politprofis“ und der „unbeschriebenen Blätter“ soll die soziologische Inzucht schamhaft verschleiern. Alte Politik mit neuen Akteuren? Die ach so notwendige, rasche Reform des Arbeitsgesetzes per Verordnung bleibt jedenfalls unverändert auf der Tagesordnung. Auf dem Programm steht eine Umkehrung der Normen: Betriebsvereinbarungen könnten morgen über das Gesetz und die Verfassung überwiegen.
Schon Lacordaire, seines Zeichens Journalist und katholischer Politiker des 19. Jahrhunderts, stellte fest: „Zwischen dem Starken und dem Schwachen ist es die Freiheit, die unterdrückt und das Gesetz, das befreit“. Später wurde ein anderes Bild zur Veranschaulichung desselben Gedankens mal Jaurès, mal Rosa Luxemburg und mal Lenin zugeschrieben: Demnach wird „Liberalismus“ mit der „Freiheit des freien Fuchses im freien Hühnerstall“ definiert. Macron und Matignon greifen das Gesetz an. Folglich schicken sie sich an, ein altbekanntes Prinzip ihrer Vorgänger wiederzubeleben: die Vorrangstellung des Vertrages, den der Fuchs mit den Hühnern ausgehandelt hat ... im Namen der Modernität.
Belgien-Griechenland, der gleiche Kampf
Daneben fliegen uns – mitten im aktuellen Geschehen der gescheiterten Sparpolitik – Griechenland und seine Tragödien wie ein Boomerang um die Ohren. Die Knechtung der Bevölkerung, dreizehn Rentenreformen, tiefgreifende, von Deutschland und Europa auferlegte sozialfeindliche Maßnahmen haben den „Patienten“ der Union nicht retten können. Im Gegenteil, sie haben ihn noch ein bisschen mehr geschwächt. Keines der Versprechen, die mit den Forderungen nach unmenschlichen Anstrengungen einhergingen, wurde gehalten. Für die Armen entfernt sich das Licht am Ende des Tunnels immer mehr. Diese Politik ist nicht nur eine soziale Katastrophe, sondern auch ein wirtschaftliches Fiasko. Wer erklärt uns das? Jedenfalls nicht die brillianten Denker, die sie sich ausgedacht haben, und natürlich auch nicht diejenigen, die sie unterstützt haben.
Die gleichen Delirien, wenn auch in anderen Größenverhältnissen, führen bei uns zu ähnlichen Entgleisungen. Die Europäische Kommission hat der Regierung Michel soeben das Zeugnis für den Haushalt 2017 ausgestellt. Fazit? Ungenügend ... Bereiten wir uns also in den nächsten Wochen, in der Urlaubszeit, auf neue Daumenschrauben vor. Selbst wenn der Premierminister mit einem Bückling vor der Nato das Ende der Desinvestitionsstrategie bei der ... Armee ankündigt! Modernität oder Ancien Régime?
Auch ihre politischen Entscheidungen und ihre finanziellen, sozialen und wirtschaftlichen Unzulänglichkeiten vertuscht die Koalition der liberalen und flämischen Rechten hinter anrüchigen Sicherheitskonstrukten. So verkündet sie anlässlich eines Konklaves zum Thema Sicherheit Maßnahmen in der Asylpolitik. Welchen Zusammenhang gibt es da? Und wer wagt es, ein solches, der Rechtsextremen würdiges Schurkenstück anzuprangern? Es ist von der Eröffnung neuer „geschlossener Auffangzentren“ die Rede. Schlafet in Frieden, ihr Leute, eure Anführer bereiten sich darauf vor, arme Teufel, deren einziges Verbrechen darin besteht, nicht die richtigen Papiere zu besitzen oder vor Elend und Krieg davon gelaufen zu sein, noch sicherer in Gewahrsam zu nehmen. Modernität?
Andere Politiken als die von Lügen und Propaganda getragenen sind möglich! Trotz der Stille, die sie umgibt, ziehen sie bereits erste Kreise. In Portugal zum Beispiel, ist es einer sparfeindlichen Linkskoalition gelungen, alle Defizite unter Kontrolle zu bringen und gleichzeitig den Portugiesen ihre Kaufkraft zurück zu geben: Anhebung des Mindestlohns und der sozialen Leistungen, Verzicht auf Privatisierungen und Arbeitszeitverkürzung im öffentlichen Dienst ...
Die Medien haben keine Zeit, uns diese gelungenen Alternativen genauer zu erläutern. Sie sind gerade schwer damit beschäftigt, das „Evangelium“ des FEB-Vorsitzenden in die Welt zu tragen. Dieser legt seine Sichtweise der „Modernität“ dar. Sie basiert, für die Arbeitnehmer, auf mehr und mehr befristeten statt unbefristeten Arbeitsverträgen ... Aber Herr Timmermans muss natürlich nicht den Banker, mit dem Sie über Ihr Hypothekendarlehen verhandeln, davon überzeugen, dass ein befristeter Arbeitsvertrag „moderner“ ist!
Propaganda und wahres Leben – eine schlechte Verbindung.
Nico Cué
Generalsekretär