Aller au contenu principal

La presse et nous (suite) - Tirez les premiers, Messieurs d'Agoria !

Nico Cué

Quand ils interrogent les patrons, les humoristes du divertissement informatif sont moins complaisants, plus crédibles et souvent plus rigoureux que certains journalistes des rédactions de révérence.

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

Un « café serré » de Thomas Gunzig sur « Matin Première » aide souvent à mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons que le journal parlé qui le suit. Est-ce normal ?


En reportage dans un colloque des entrepreneurs français, Guillaume Meurice, chroniqueur de l’émission « Si tu écoutes, j’arrête tout » sur France Inter, met en boîte jusqu’à vous faire péter les zygomatiques l’argumentation de quelques patrons, qui répètent sans doute ce qu’ils entendent dans leur milieu sur la « peur » d’embaucher. Au micro, ils respirent un grand coup, se lancent comme pour un saut sans parachute et tentent une improbable démonstration pour expliquer pourquoi et comment, faciliter les licenciements pourrait… relancer l’emploi. La falaise à la nage, c’est haut.  L’expérience radiophonique est concrète, drôle et d’une déconstruction idéologique assez efficace. La capsule fait les choux gras des réseaux sociaux.


Pendant ce temps-là, le patron de la fédération des entreprises technologiques belges s’épanche dans la presse : « Il faut baisser les coûts salariaux de 1,2% par an » . Marc Lambotte prépare évidemment le terrain des prochaines négociations interprofessionnelles sur la loi de 1996 (sur la compétitivité et le maintien de l’emploi) qui balise l’évolution des salaires en vue d’un nouvel accord interprofessionnel. Il s’agit d’amener de l’eau au moulin pour faire tourner la rengaine de la «compétitivité» alors que tous les chiffres internationaux indiquent que la Belgique est aujourd’hui plus compétitive que ses voisins. Ce qui n’est pas obligatoirement réjouissant : le blocage  de nos salaires commencent à faire pression, dans une course vers le bas, sur ceux des Allemands, des Français, des Hollandais…


Une étude de l’OCDE vient du reste de confirmer la situation. Le patronat belge n’est plus très à l’aise.


Alors, il se met à bricoler de nouveaux arguments. Il s’agirait aujourd’hui de résorber un écart qui aurait existé au moment de la rédaction de la loi en 96 : 12% à résorber en dix ans, 1,2% par an. Monsieur Lambotte fait plus fort encore. A une question sur le gouvernement qui a déjà fait pas mal de cadeaux aux entreprises ces derniers temps, il ose : « En réalité, ce gouvernement a surtout donné des cadeaux aux employés. Pourquoi ? Parce que l’objectif numéro un de cette législature, c’est la création d’emplois ! » Attention, ceci n’est pas de l’humour. La journaliste semble d’ailleurs y croire. Pas de critique face à l’énormité du propos.


La communication patronale ne tient pas la route
Selon les chiffres d’Afin-A basés sur les comptes déposés à la BNB par les entreprises non financières de Belgique, 1.056 entreprises de la construction métallique dont le siège social est implanté en Wallonie et à Bruxelles, ont distribué plus de dividendes en 2014 qu’elles n’ont réalisé de profits : 382,6 millions de dividendes pour 345,5 millions de profits. Sur une période longue, c’est pire. Au cours des huit dernières années, l’actionnariat a pompé presqu’un milliard de plus que les profits générés (3,529 milliards) sous forme de dividendes (4,483 milliards) (Chiffres BNB 3/2014). Nos entreprises sont vidées de leur substance.
Dans la même période, l’emploi a reculé de 6,2% (4.395 équivalent temps plein perdus) et la masse salariale a augmenté beaucoup moins que l’inflation (+ 2,7% en 8 années !). Pour nourrir la bête, les entreprises saignent à blanc les travailleurs.


« Il faut poursuivre », exhorte M. Lambotte. Encore quelques efforts pour engraisser le cochon...


Le 31 décembre dernier, Paul Jorion accordait une interview au journal L’ Echo dans le cadre d’une série intitulée « D’une crise à l’autre ». Il y soulignait notamment qu’ « il n’existe pas de mécanisme pour transformer baisse de charges en emploi ». Prétendre que le gouvernement aurait œuvré dans l’intérêt des travailleurs, comme le dit Agoria, est ainsi de moins en moins drôle. Surtout que l’anthropologue spécialiste du monde de la finance et de l’économie ajoute : « La compétitivité, c’est formidable. Pour l’augmenter, il faut diviser par deux les salaires des patrons et les dividendes. Avec cela, elle va sauter au plafond. Les salaires sont une variable d’ajustement, les dividendes non. Quelle est la loi qui dit ça ? C’est une chose que nous admettons, qui va de soi. »

A la MWB, nous disons calmement que c’est inadmissible. En 2014, une réduction de moitié des dividendes des entreprises de la CP 111 de Wallonie et de Bruxelles pouvait correspondre à un effort de compétitivité de… 5% sur la masse salariale. En moins de trois ans d’austérité sur les dividendes, Agoria aura ainsi réduit un handicap fantasmé de 12% par rapport aux économies voisines…


Les travailleurs ont assez donné. Tirez les premiers, Messieurs d’Agoria !

Nico Cué
Secrétaire général

 

Die Presse und wir (Fortsetzung) - Schießen Sie zuerst, meine Herren der Agoria!


Beim Interview mit Arbeitgebern sind die Humoristen der Unterhaltungspresse nicht so selbstgefällig, glaubwürdiger und oft rigoroser als einige Journalisten der alteingesessenen Redaktionen.


Ein « Café serré » (starker Kaffee) von Thomas Gunzig bei « Matin Première » hilft oft, die heutige Welt besser zu verstehen als die darauffolgenden Nachrichten. Ist das eigentlich normal?


Während einer Reportage bei einer Fachtagung französischer Unternehmer strapaziert der Chronist der Sendung « Si tu écoutes, j’arrête tout » (Wenn du zuhörst mach ich dicht) auf France Inter, Guillaume Meurice, unsere Lachmuskeln aufs äußerste während er Unternehmer verulkt, die beschreiben, was in ihren Kreisen als « die Angst vor Neueinstellungen » kursiert. Vor dem Mikrofon atmen sie einmal tief durch und versuchen wie Fallschirmspringer vor dem Sprung die kaum glaubhafte Theorie zu verteidigen, man könne doch durch die Förderung von Entlassungen … die Beschäftigung wiederankurbeln. Die Quadratur des Kreises.  Die Rundfunksendung ist konkret, witzig und trägt wirksam zum Abbau der Ideologien bei. Die sozialen Medien reiben sich die Hände .
Inzwischen äußert sich der Vorsitzende des Verbandes der belgischen Technologieunternehmen lebhaft in der Presse: « Die Lohnkosten müssen jährlich um 1,2% gesenkt werden» . Marc Lambotte bereitet offenbar schon den Boden für die anstehenden branchenübergreifenden Verhandlungen über das belgische Gesetz aus dem Jahr 1996 vor (Wettbewerbsfähigkeit und Erhalt der Beschäftigung), das die Lohn- und Gehaltsentwicklung mit Blick auf eine neue branchenübergreifende Vereinbarung gestaltet. Es muss Wasser auf die Mühle, um den ewigen Faktor « Wettbewerbsfähigkeit » zu rechtfertigen, obwohl Belgien internationalen Zahlen zufolge heute wettbewerbsfähiger ist als seine Nachbarn. Was nicht unbedingt erfreulich ist: Das Einfrieren der Löhne in unserem Lande wirkt sich schon nachteilig auf die Gehaltsentwicklung in Deutschland, Frankreich, Holland,... aus.


Eine OECD-Studie bestätigte soeben diesen Tatbestand. Die belgischen Arbeitgeber fühlen sich nicht mehr so wohl in ihrer Haut. 
Da spinnt er sich plötzlich brandneue Argumente zusammen. Es ginge jetzt darum, die bei der Abfassung des Gesetzes im Jahr 1996 bestehende Abweichung aufzuheben: 12% in zehn Jahren, also 1,2% pro Jahr. Monsieur Lambotte belässt es aber nicht dabei. Als Erwiderung auf eine Frage zur Regierung, die den Unternehmern großzügige Geschenke mache, stellt er eine kühne Behauptung auf: « In Wirklichkeit macht diese Regierung vor allem den Beschäftigten Geschenke. Warum? Weil das erste Ziel dieser Legislaturperiode darin besteht, Beschäftigung zu schaffen! » Achtung, dies ist kein Scherz. Die Journalistin schenkt ihm auch offensichtlich Glauben. Nicht die leiseste Kritik angesichts einer unerhörten Aussage. 


Die Arbeitgeber kommunizieren nicht glaubwürdig
Aus der Afin-A-Statistik hinsichtlich der bei der BNB hinterlegten Abrechnungen von Unternehmen außerhalb des Finanzsektors in Belgien geht hervor, dass 1.056 Stahlbauunternehmen mit Sitz in der Wallonie und in Brüssel 2014 mehr Dividenden ausgeschüttet als sie Gewinne erzielt haben: 382,6 Millionen Dividenden im Vergleich zu 345,5 Millionen Gewinne. Über einen längeren Zeitraum verschlimmert sich das Bild. Während er acht letzten Jahre haben die Aktionäre knapp eine Milliarde mehr Dividenden eingesteckt (4,483 Milliarden) als Gewinne erzielt wurden (3,529 Milliarden) (BNB-Zahlen 3/2014). Unsere Unternehmen sind völlig ausgelaugt.
Im selben Zeitraum ist die Beschäftigung um 6,2% zurückgegangen (4.395 abgebaute Vollzeitäquivalente) und die Lohnmasse weitaus weniger angestiegen als die Inflation (+ 2,7% i 8 Jahren!). Die Beschäftigten werden gnadenlos ausgeblutet, damit die Aktionäre in Saus und Braus leben können.


« So muss es weiter gehen», fordert Herr Lambotte. Lassen wir uns die fette Gans noch weiter mästen...
Am 31. Dezember des letzten Jahres gab Paul Jorion der Zeitung L’ Echo im Rahmen einer Serie mit dem Titel « D’une crise à l’autre » (Von einer Krise in die nächste) ein Interview. Dabei betonte er insbesondere « Es gibt keinen Mechanismus, dank dem Kostensenkungen automatisch Beschäftigungszuwachs auslösen ». Wie Agoria vorzugeben, die Regierung habe im Interesse der Arbeitnehmer gehandelt, wird vor diesem Hintergrund immer unwitziger. Vor allem nachdem der Anthropologe und Finanz- und Wirtschaftsexperte ergänzt: « Wettbewerbsfähigkeit ist wunderbar. Um sie zu steigern, müssen die Chefgehälter und Dividenden halbiert werden. Dann schnellt sie in die Höhe. Gehälter sind eine Anpassungsvariable, Dividenden nicht. Welches Gesetz sieht dies vor? Dies ist ein anerkannter Tatbestand, eine Selbstverständlichkeit. »

Bei der MWB betonen wir mit aller Gelassenheit, dass dies unzumutbar ist. Im Jahr 2014 hätte eine Halbierung der Dividenden der  PK 111 in der Wallonie und Brüssel einer Wettbewerbserhöhung von … 5% der Lohnmasse entsprochen. In weniger als drei Jahren des Dividendensparens hätte Agoria somit das Hirngespinst der 12% im Vergleich zu den Volkwirtschaften der Nachbarländer drastisch reduzieren können…


Die Arbeitnehmer haben schon mehr als genug beigetragen. Schießen Sie zuerst, meiner Herren der Agoria!

Nico Cué
Generalsekretär