C’est de la problématique du dumping social que nous avons décidé de traiter cette semaine et nous avons rencontré, pour ce faire, 3 délégués dans nos fédérations provinciales du Hainaut-Namur, de Liège-Luxembourg et du Brabant. 3 délégués en prise avec exactement les mêmes problèmes, les mêmes dérives, les mêmes pressions et menaces sur le monde du travail.
Constant Koumbounis représente la MWB de Liège-Luxembourg au sein du groupe ENGIE. Il relève 2 sources au problème du dumping socaial et dénonce avec force une pratique à laquelle il convient de mettre un terme d’urgence.
Il pointe tout d’abord l’appétit sans cesse grandissant des actionnaires qui veulent toujours plus de bénéfices et pèsent de tout leur poids pour une réduction continuelle des coûts. De modération salariale en modération salariale, les entreprises sont arrivées au maximum de ce qu’elles pouvaient imposer en Belgique … alors pour atteindre leurs objectifs, elles n’hésitent plus à faire appel à la sous-traitance étrangère travaillant sous législation sociale minimaliste, et donc à des tarifs horaires hors concurrence, ici.
Il s’en prend ensuite aux entreprises donneuses d’ordres, parfaitement au courant de cette pratique et qui exigent des prix « plus bas que bas » sachant que, pour s’aligner, les entreprises exécutantes devront faire appel aux services de sous-traitants étrangers.
Il dénonce enfin les entreprises belges, qui utilisent la sous-traitance étrangère et qui, parallèlement, placent leurs propres travailleurs en chômage économique …
Pour Joseph Cuschera, représentant la MWB-FGTB chez ENGIE également pour la fédération du Hainaut-Namur, la transparence doit être totale. Il faut exiger dans nos organes de concertation : conseil d’entreprise et comité de prévention et de protection sur les lieux de travail d’avoir toute la lumière sur les conditions générales d’utilisation de main-d’oeuvre sous-traitante. « Attention ! », insiste-t-il, « pas seulement les conventions entre les 2 parties dans le cadre d’un contrat qui les lie, il s’agit bien d’obtenir de la part de nos directions le canevas général de recours aux sous-traitants. Ce ne sera qu’alors qu’on pourra pousser plus loin le débat sur l’attitude citoyenne qu’il convient d’adopter ainsi que sur les mêmes droits à appliquer pour les travailleurs. Qu’ils soient engagés au sein de l’entreprise ou mis à disposition ».
Laurent September délégué Métallos FGTB Brabant et qui travaille au sein de l’entreprise NIZET, nous parle d’entreprises dans le secteur des électriciens où 100 % des travailleurs sur certains chantiers sont des « indépendants étrangers ». Les devis rentrés par les entreprises qui font appel à de telles pratiques tablent sur une main-d’œuvre à 4 ou 5 euros de l’heure. Cela ne peut plus durer !
Pour nos 3 délégués, il est plus qu’urgent de réfléchir à des mesures concrètes et de proposer un véritable plan d’avenir axé, entre autres, sur les piliers suivants :
• Des contrôles accrus et plus pointus au sein des entreprises ;
• La mise en place de réglementations contraignantes à tous les niveaux : national, Benelux, européens et internationaux permettant par exemple, le libre accès aux bases de données reprenant les travailleurs, la limitation de la période de détachement à 6 mois, la limitation du nombre de sous-traitants …) ;
• La création d’une instance de contrôle européenne ;
• La perception de la sécurité sociale (y compris les contributions au Fonds de sécurité d’existence) dans le pays où les activités sont exécutées.
Se résigner et se taire ? Jamais !
Laurent September – MWB-FGTB Brabant - Nizet
Joseph Cuschera MWB-FGTB Hainaut-Namur - ENGIE
Constant Koumbounis MWB-FGTB Liège-Luxembourg – ENGIE