« Si ceux qui tiennent les rênes de la société se montrent capables de contrôler nos idées, ils sont à peu près assurés de conserver le pouvoir. Nul besoin de soldat dans les rues. Nous nous contrôlons nous-mêmes », ainsi parlait Howard Zinn, auteur d’ « Une histoire populaire des USA ». Fake news, média-mensonges, propagandes sont rarement des incidents anodins. Pas plus que certains silences…
(siehe Deutsche Fassung unten)
Le centième anniversaire de la Révolution d’Octobre sera « géré » par les organes d’un pouvoir dominant comme une anecdote. Un épiphénomène. Et, de toute manière, comme un échec. Il sera, sans doute, réduit à l’expérience d’un stalinisme peu ragoûtant.
Rappeler que cette insurrection ouvrière et paysanne a ouvert de nouveaux territoires pour un imaginaire plus égalitaire et plus juste c’est prendre un risque en ces jours où ce qui dépasse des rangs passe vite pour le témoignage - sinon la preuve ? - d’une infiltration « pétébiste ». Ce procès sans fond de plus en plus répété est d’abord risible mais annonce aussi que la « bourgeoise » se remet sinon à trembler du moins à s’inquiéter ?
Les conséquences de la révolution bolchévique ont été mesurées bien au-delà des frontières soviétiques à une époque qui n’était pas celle de la mondialisation ni celle de globalisation… Pour un siècle au moins, elles ont ruiné ce qui était la loi d’airain des rapports sociaux aux Etats-Unis, la «doctrine Rockefeller». Cette famille de banquiers fit fortune au XIXe siècle sur le dos de la collectivité avec l’argent public. Un des leurs fit réprimer une grève en permettant à 300 agents de Pinkerton, une milice patronale, de tirer sur les travailleurs grévistes… à la mitrailleuse. Ils revendiquaient juste une réduction collective du temps de travail. C’était le 12 juillet 1892, à Homestead. Quel rapport avec la « doctrine Rockefeller » ? Elle s’énonce en une phrase : « Il ne faut pas leur laisser croire que la révolte, ça peut marcher ».
La révolution bolchévique a permis de cadenasser, un siècle durant, cette radicalité assassine du patronat. La fin de l’URSS semble avoir, depuis, libéré d’anciennes pulsions. Ceux qui tiennent les rênes tentent de reprendre le contrôle sur nos idées. Les «jaunes» d’hier sont aujourd’hui des «otages». Les syndicalistes, des délinquants. La grève, une entrave à la liberté de travailler alors que le chômage reste une fatalité au mieux sinon l’expression d’une fainéantise…
« Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera celle des chasseurs », racontait Zinn.
La droite recule, aidons-la…
Il existe, avec certitude en Wallonie, peut-être à Bruxelles, la possibilité d’une prochaine majorité progressiste pour gérer la Région en 2019. Les sondages donnent la droite en reflux et la sommes des intentions de vote PS-PTB-Ecolo en progression. Et cela en dépit du passage à vide de la famille sociale-démocrate…
La FGTB wallonne a déjà annoncé que ses militants ne pourraient pas comprendre que si les urnes confirment ces évolutions au soir des prochaines élections, priorité ne soit pas donnée par ces partis à tenter de mettre la droite hors-jeu.
Depuis, notre organisation est taxée de tous les maux de la terre. Elle est notamment accusée de «faire de la politique», comme si s’en mêler ne regardait pas les plus de 350.000 travailleurs dont elle défend les intérêts. A qui la droite qui gouverne la Wallonie avec une légitimité de moins de 45% de l’électorat peut-elle donner des leçons de démocratie ?
Les médias qui lui sont affidés investiguent plus sur les obstacles à la réalisation de ce projet qu’à l’analyse des convergences objectives que les premières rencontres menées par la FGTB et Solidaris avec ces partis révèlent : sur la réduction collective du temps de travail, sur une autre fiscalité, sur la défense des services publics… Pour ne citer que trois exemples.
Qui comprendra, dès lors, que tout ne soit pas tenté pour traduire l’aspiration d’une majorité de la population telle qu’elle s’exprime aujourd’hui dans les sondages ? Toutes les formules doivent être étudiées. Un silence lourd entoure l’expérience portugaise qui devrait nous inspirer. Le parti socialiste est arrivé second au scrutin de 2015 (derrière les libéraux). Il a préféré gouverner seul et s’assurant du soutien au Parlement des communistes – les ennemis jurés depuis la révolution des œillets en 74 – et d’un bloc de gauche réunissant des écologistes et des « alternatifs ».
Cette coalition pragmatique a rompu avec la politique d’austérité. Elle n’est, à l’évidence, pas un long fleuve tranquille mais son bilan est enthousiasmant : recul du chômage, croissance du salaire minimum et des allocations sociales, fin des privatisations, croissance économique record – rien à voir avec l’anémie belge ! Même la Commission européenne y a retrouvé ses jeunes puisque le déficit budgétaire est tombé sous les 3% du PIB.
On en parle où de ces bonnes nouvelles ?
Nico Cué
Secrétaire général
Ob Oktober- oder Nelkenrevolution – auch andere Revolutionen sind möglich
« Wenn die, die unsere Gesellschaft führen, unsere Gedanken beherrschen können, dann schützt sie das vor Machtverlust. Sie benötigen dann keine Soldaten, die die Straßen patrouillieren. Wir kontrollieren uns selbst », sprach Howard Zinn, Verfasser der « Geschichte des amerikanischen Volkes ». Fake News, Medienlügen und Propaganda sind weder zufällig noch harmlos. Genauso wenig wie bestimmte Funkstillen…
Der hundertste Jahrestag der Oktoberrevolution wird von den Instanzen der herrschenden Macht ganz beiläufig « geregelt ». Ein Epiphänomen. Auf jeden Fall eine Niederlage. Vermutlich auf die unappetitliche Ära Stalins reduziert.
Daran zu erinnern, dass dieser Arbeiter- und Bauernaufstand ermöglicht hat, mehr Freiraum für Gleichheit und Gerechtigkeit zu schaffen, ist heutzutage riskant – in einer Zeit in der alle, die aus der Reihe tanzen, sich der « petebistischen » Infiltrierung verdächtig oder schuldig machen. Dieser grundlose und immer wiederkehrende kurze Prozess ist zwar durchaus lächerlich, zeigt aber auch dass die « Bourgeoise » langsam nervös, wenn nicht gar ängstlich wird.
Die Folgen der bolschewistischen Revolution überschritten bei weitem die sowjetischen Grenzen – und dies in einer Zeit, in der noch niemand von Globalisierung sprach… Ein Jahrhundert lang zumindest zersetzten sie das eherne Gesetz der sozialen Beziehungen in den USA, die « Rockefeller-Doktrin ». Diese Bankiersfamilie bereicherte sich im XIX. Jahrhundert auf dem Rücken der Gemeinschaft an öffentlichen Mitteln. Einer ihrer Angehörigen unterdrückte einen Streik, indem er 300 Pinkerton-Agenten der Arbeitgebermiliz auf die streikenden Arbeiter schießen ließ … mit Maschinengewehren. Sie forderten lediglich eine kollektive Arbeitszeitverkürzung. Dies geschah am 12. Juli 1892 in Homestead. Welcher Zusammenhang mit der « Rockefeller-Doktrin » ? Sie lässt sich in einem Satz zusammenfassen: « Sie sollen bloß nicht glauben dass Widerstand zum Erfolg führen kann ».
Dieser tödliche Radikalismus der Arbeitgeber konnte dank der bolschewistischen Revolution ein Jahrhundert lang ausgesetzt werden. Der Zusammenbruch der UdSSR hat offenbar alte Triebe freigesetzt. Die Führenden versuchen wieder, die Herrschaft über unsere Gedanken an sich zu reißen. Die « Gelben » von gestern sind die « Geiseln » von heute. Die Gewerkschafter sind Verbrecher. Der Streik beeinträchtigt die Freiheit zu arbeiten und Arbeitslosigkeit ist bestenfalls Pech – und schlimmstenfalls die Folge des Faulenzertums...
« Solange die Hasen keine Historiker haben gehört die Geschichte den Jägern », erzählte Zinn.
Die Rechte tritt den Rückzug an, helfen wir ihr…
2019 gibt es ganz bestimmt in der Wallonie und vielleicht in Brüssel eine mögliche progressistische Mehrheit auf Ebene der Region. Umfragen zufolge geht die Rechte zurück, und nehmen die Wahlabsichten zugunsten PS-PTB-Ecolo zu. Und dies trotz Aussetzer der sozialdemokratischen Fraktion...
Die wallonische FGTB hat kein Geheimnis daraus gemacht, dass ihre Aktivistinnen und Aktivisten kein Verständnis dafür hätten, wenn im Falle einer Bestätigung dieses Trends bis zu den nächsten Wahlen die absolute Priorität nicht darin besteht, die Rechte endgültig ins Abseits zu stellen.
Seitdem wird unsere Gewerkschaft übel beschimpft. Sie wird unter anderem beschuldigt, « Politik zu machen » - als ob eine Einmischung die mehr als 350.000 Arbeitnehmerinnen und Arbeitnehmer, die sie vertritt, überhaupt nichts angehe. Wem kann die führende Rechte in der Wallonie, deren Legitimität auf weniger als 45% der Wählerstimmen beruht, eigentlich eine Lektion in Sachen Demokratie erteilen?
Ihre Helfershelfer, die Medien, berichten mehr über Hindernisse, die diesem Entwurf im Wege stehen als über objektive Annäherungen im Rahmen der ersten Treffen der FGTB und Solidaris mit diesen Parteien: hinsichtlich der kollektiven Arbeitszeitverkürzung, der alternativen Steuersysteme, der Verteidigung der öffentlichen Dienste,... um nur drei Beispiele zu nennen.
Völlig unverständlich ist vor diesem Hintergrund die Tatsache, dass nicht alles unternommen wird, um die Bestrebungen der aus den jüngsten Umfragen hervorgehenden Mehrheit der Bevölkerung zu berücksichtigen. Sämtliche Lösungsansätze müssen ernsthaft vertieft werden. Die portugiesische Erfahrung, die uns durchaus als Inspiration dienen könnte, versinkt in merkwürdigem Schweigen. Die sozialistische Partei errang 2015 den zweiten Platz (hinter den Liberalen). Sie zog es vor, allein zu herrschen und sich im Parlament die Unterstützung der Kommunisten– die erklärten Feinde seit der Nelkenrevolution im Jahr 1974 – und eines linken Blocks Grüner und « Alternativer » zu sichern.
Diese pragmatische Koalition verabschiedete sich von der Sparpolitik. Sie schwimmt bei weitem nicht auf ruhigen Gewässern aber ihre Bilanz ist dennoch insgesamt begeisternd: Abbau der Arbeitslosigkeit, Steigerung des Mindestlohns und der Sozialzulagen, Ende der Privatisierung, rekordartiges Wirtschaftswachstum – weit entfernt von der belgischen Anämie! Selbst die Europäische Kommission kann sich darüber erfreuen weil das Haushaltsdefizit unter 3% des BIP gefallen ist.
Wo wird über diese ausgezeichneten Nachrichten berichtet?
Nico Cué
Generalsekretär