A chaque fois, le poisson est plus gros. Le scandale SwissLeaks, qui vient d’être révélé dans plusieurs pays du monde par un consortium de journalistes internationaux, fait suite au scandale LuxLeaks. Celui-ci, dévoilé à l’automne de l’an dernier, avait permis à un millier d’entreprises, parmi les plus importantes de la planète, de négocier avec l’Etat luxembourgeois et en toute opacité des accords fiscaux très avantageux pour elles.
(siehe Deutsche Fassung unten)
Henri Guaino, qui - ancien rédacteur des discours du président français Sarkozy - ne peut vraiment pas être qualifié d’homme de gauche, avait parlé de « pillage fiscal méthodique de tous les autres pays européens »…
Et donc SwissLeaks, c’est encore plus énorme. 180 milliards sont en jeu, dans un mécanisme extrêmement complexe de comptes numérotés en Suisse permettant d’échapper, grâce à la complicité de la banque britannique HSBC, aux taxes européennes sur l’épargne. Dans les profiteurs du système, on trouve de tout : des industriels ayant pignon sur rue, mais aussi des trafiquants d’armes, des diamantaires, des stars du show-business ou même… des dignitaires d’Al-Qaïda ! Bon nombre, en fait de ce 1 % d’individus qui possèdent… 50 % de la richesse mondiale. Et cela dans un contexte où, au fil des ans, la concentration du capital dans les mains de quelques-uns s’accroît. Selon Oxfam, en 2007, cette part détenue par le 1% le plus riche n’était « que » de 44 %...
On a donc ce paradoxe qui, évidemment, ne vous étonne pas : pendant que les gouvernements, dont le nôtre, multiplient les politiques d’austérité, la richesse globale de quelques-uns ne cesse de grimper. Ainsi, le patrimoine « moyen » de chacun de ces plus riches est de 2,3 milliards d’euros.
Il faut balayer d’un revers de la main l’argument selon lequel « cela aurait toujours été comme ça ». Le monde est de plus en plus inégalitaire. L’impôt sur les plus gros revenus – et sur les fortunes – n’a cessé de tomber au fil du XX° siècle. Aux Etats-Unis, en 1964, le taux sur les revenus les plus élevés a été ramené – vous lisez bien, ramené, donc diminué ! – à 70 %. Et à la fin des années 70 on taxait encore, en Angleterre, les revenus des placements à plus de 90 %... Ils allaient si mal que ça, les Etats-Unis, en 1964 ?
Nous payons, aujourd’hui, les conséquences de tout cela. Les investissements dans la culture et les services publics se sont réduits comme peau de chagrin et des institutions vitales pour l’avenir du pays, comme la SNCB, sont condamnées à vivre d’expédients en attendant, sans doute, que quelque idéologue de la droite gouvernementale cherche à la privatiser, ce qui n’aura comme autre conséquence que d’en réduire encore le potentiel, au détriment, évidemment, des travailleurs ou des étudiants…
Les soins de santé sont de moins en moins accessibles. L’enseignement souffre. Les perspectives, pour tout un chacun, de voir son revenu s’améliorer ne sont même plus garanties, entre les fournées de saut d’index et de règles de compétitivité dont le but principal est, sans doute, d’accroître encore les revenus de ceux qui peuvent ensuite les placer qui en Suisse, qui au Grand-Duché, sans compter tous les « ailleurs » type Singapour…
Ces mécanismes sont bien des systèmes qui permettent à certains de faire porter l’essentiel des coûts de la vie en société sur les plus modestes de ses membres. C’est en cela qu’ils sont scandaleux. Mais il n’est pas moins scandaleux qu’ils sont, quelque part, encouragés par les Etats et les institutions européennes qui n’organisent en aucune manière une riposte à ces dérives. Les solutions existent, autour de la transparence, de l’harmonisation fiscale et de l’affectation de moyens sérieux à la lutte contre la fraude. Après tout, ce que 150 journalistes ont pu faire ne devrait pas être hors de portée de la structure institutionnelle européenne…
Mais, d’autre part, ces mêmes Etats, cette même Europe, continuent, contre vents, marées et scandales, à mettre en sourdine la lutte contre les inégalités, à refuser des progressions salariales et l’uniformisation des règles fiscales pour répartir le fardeau de manière plus harmonieuse.
Choisir le profit pour quelques-uns plutôt que le bien-être pour une majorité, c’est faire courir un grand risque au système démocratique comme le prouve le gouvernement des riches et des patrons. Mais ils peuvent d’autant plus attirer que les pouvoirs démocratique choisissent l’inertie absolue face à l’injustice, sociale et fiscale. Au bout du compte, les victimes seront encore les mêmes : nous.
Nico Cué
Secrétaire général
Wie sie sich die Welt untereinander aufteilen
Jedes Mal wird der Fisch fetter und saftiger. Der Skandal um SwissLeaks, der kürzlich in mehreren Ländern von einer Gruppe internationaler Journalisten aufgedeckt wurde, folgt auf LuxLeaks. Dieser im Herbst vorigen Jahres aufgedeckte Skandal betraf etwa tausend Unternehmen, darunter die weltweit bedeutendsten, die mit der luxemburgischen Regierung dunkle, höchst günstige Steuerabkommen ausgehandelt haben. Henri Guaino, der als ehemaliger Redenschreiber des französischen Präsidenten Sarkozy kaum als Mann der Linken gelten kann, sprach von einer « systematischen Steuerplünderung aller anderen europäischen Länder »…
SwissLeaks nimmt noch gewaltigere Ausmaße an: 180 Milliarden sind bei diesen hochkomplexen Vorgängen auf Schweizer Nummernkonten im Spiel. Die Riesenbeträge konnten dank der Komplizenschaft der britischen Bank HSBC der europäischen Abgabe auf Ersparnisse entzogen werden. Alle möglichen profitieren vom System: weltbekannte Unternehmen, Waffenhändler, Diamantenhändler, Stars der Unterhaltungsbranche oder auch ... „Würdenträger“ von Al-Qaïda ! 1% der Bevölkerung besitzt somit quasi … 50 % des weltweiten Reichtums, und dies in einem Kontext der wachsenden Kapitalkonzentration im Laufe der letzten Jahre. Oxfam zufolge betrug der Anteil, der sich im Besitz der Reichsten (1%) befand, im Jahr 2007 «nur» 44 %...
Ein kaum überraschender Widerspruch: Während die Regierungen, und auch unsere, die Sparpolitik auf die Spitze treiben, wächst der Reichtum einiger Weniger unaufhörlich. Das «Durchschnittsvermögen» jedes einzelnen Mitglieds dieser reichen Minderheit beträgt inzwischen 2,3 Milliarden Euro.
Das Argument, dass « dies schon immer so war » ist leicht von der Hand zu weisen. Die Welt wird immer ungerechter. Die Besteuerung der Spitzengehälter und Vermögen ist im Laufe des 20. Jahrhunderts unaufhörlich gesunken. In den USA wurde der höchste Einkommenssteuersatz im Jahr 1964 auf 70% - gesenkt! Ende der siebziger Jahre wurden in England die Kapitalerträge noch mit 90 % besteuert... und trotzdem ging’s den Vereinigten Staaten 1964 nicht ganz so schlecht.
Heute bezahlen wir den Preis für diese Entwicklung. Investitionen in Kultur und den öffentlichen Dienst werden drastisch gesenkt, und für die Zukunft unseres Landes entscheidende Unternehmen wie die SNCB müssen von der Hand in den Mund leben, bis irgendein Ideologe der rechten Regierung ihre Privatisierung vorantreibt. Dies wiederum verringert die Perspektiven der Beschäftigten und Studierenden nur noch mehr...
Die Gesundheitsfürsorge wird immer unzugänglicher. Das Unterrichtswesen liegt im Argen. Die Perspektive einer Einkommensverbesserung ist längst nicht mehr gewährleistet , angesichts der Indexaussetzung und der Wettbewerbsregeln, die zweifellos darauf abzielen, nur das Einkommen derer zu verbessern, die es gewinnbringend in der Schweiz oder im Großherzogtum anzulegen pflegen – von Singapur ganz zu schweigen...
Diese Mechanismen haben System: Sie ermöglichen einigen Wenigen, den größten Teil der in der Gesellschaft anfallenden Kosten auf die schwächsten ihrer Mitglieder abzuwälzen. Darin liegt der Skandal. Und dass sie gewissermaßen durch die Staaten und europäischen Institutionen ermutigt werden, die nicht auf diese Entgleisungen reagieren. Lösungen bestehen, und sie beruhen auf Transparenz, Steuerharmonisierung und Zuteilung angemessener Mittel zur Betrugsbekämpfung. Was die 150 Journalisten geschafft haben, dürfte eigentlich nicht zu schwer für die europäischen Institutionen sein...
Trotz aller Widerstände und Skandale drängen gerade diese Staaten und Europa den Kampf gegen Ungleichheit jedoch in den Hintergrund, und lehnen Lohnzuwächse und ein einheitliches Steuersystem ab, obwohl diese zu einer harmonischeren Verteilung der Last führen würden.
Sich für den Gewinn einer kleinen Elite und gegen das Wohlbefinden der Mehrheit zu entscheiden, gefährdet die Demokratie, wie der in jüngster Vergangenheit wachsende Populismus zeigt. Sicher bringen uns populistische Ideen nicht weiter, wie die NVA-Politik in unserem Lande veranschaulicht. Aber sie werden mit der zunehmenden Untätigkeit der demokratischen Kräfte angesichts sozialer und steuerlicher Ungerechtigkeit immer attraktiver. Die Opfer sind immer dieselben: wir.
Nico Cué
Generalsekretär