De certains combattants, tombés au champ d’honneur, on dit parfois qu’ils « ont regardé la mort en face ».
Une guerrière dont la chute, aussi jeune, nous déchire les veines et le ventre, avait choisi, très exactement, le contraire. Embrasser l’existence à pleines dents, malgré tout. Malgré les souffrances. Malgré la lourdeur des traitements. Malgré le pessimisme de la raison. Tout au long de huit années de combat, pas un jour, elle n’a baissé les armes. Elle a cru en sa victoire tous les matins. Toutes les heures. A chaque instant, avec une volonté héroïque. La rage de vivre. Un exemple…
(siehe Deutsche Fassung unten)
La maladie a triomphé de son corps. Pas de sa soif d’exister. Pas de son amour pour la vie. De celui pour les siens. La mort n’emportera pas non plus le souvenir indélébile d’un optimisme rare, celui des résistants de toujours. Pas plus qu’elle n’altèrera celui de l’élégance de sa modestie. Ou celui de ses indignations et de ses engagements…
Le déploiement de nos destins ne répond à aucune loi d’airain, à aucune logique inaltérable. Le savoir ne lave pourtant pas le sable dans la bouche des parents qui perdent un enfant… même adulte. Simplement parce que ce n’est pas l’idée que nous nous faisons d’un… « ordre des choses ».
Là, maintenant, nous sommes remplis à ras bord d’une douleur, de tristesse et de compassion. Transformer ces sentiments un peu sombres mais bien réels en une perspective positive à l’endroit de celles et ceux qu’elle a côtoyés dans les hôpitaux, c’est, pour nous, ici, rendre un hommage militant à notre camarade et à sa mémoire.
La violence et l’injustice de sa disparition nous prennent à la gorge. Elles nourrissent de la colère parce que nous ne sommes plus sûrs du tout qu’aujourd’hui tout soit fait pour réduire l’occurrence de ce qui n’est pas tout à fait une… fatalité.
Nous ne sommes plus sûrs du tout que notre santé vaille plus que les profits qu’elle représente dans ce système qui n’est pas le nôtre. La connaissance scientifique, la recherche, la médecine sont devenues des marchandises dans une société de… marchés.
La Sécu, patrimoine de l’humanité !
Le monde ouvrier avait pourtant voulu sortir l’organisation démocratique des soins de ces dynamiques égoïstes d’un capitalisme cannibale. Comment ? En la logeant, au lendemain de la guerre, dans une sécurité sociale construite sur un principe d’assurance collective. C’était une décision forte. Un choix politique de rupture. Celui d’une société solidaire face aux accidents… de la vie.
Cette lumineuse construction, incontestable « patrimoine d’humanité » pour l’humanité entière, est aujourd’hui mise à terre, brique par brique. Son effondrement emportera dans sa ruine… une idée civilisatrice. L’urgence est bien là. Face à la maladie, les pauvres, les indigents, les prolétaires sont aujourd’hui de plus en plus renvoyés à leur froide solitude. Bien se porter redevient, lentement mais certainement, l’apanage de ceux qui en ont les moyens. C’est insupportable parce qu’autre chose est possible : nous l’avions réussi !
Au cours de cet été, plusieurs événements ont résonné comme un tocsin à ce sujet.
L’effort budgétaire fédéral a épargné, cette fois, le secteur des soins de santé mais il avait été saigné à blanc au cours des derniers exercices. Moins bien nous soigner a été une priorité politique du gouvernement de Charles Michel !
Une étude du Service public fédéral de la Santé a montré que les Belges sont en moins bonne santé que leurs voisins. « Entre 1990 et 2016, nous sommes passés de la 8e à la 15e position, si l’on établit un classement des 28 Etats membres actuels de l’Union européenne » (L’Echo du 17 juillet).
Par ailleurs, Ri De Ridder, l’ancien patron de l’Inami devenu président de « Médecins du Monde », dénonçait les dérapages budgétaires du secteur pharmaceutique : « Il est temps de repenser un système où les pouvoirs publics sont pris en otage » (Le Soir, 6 août). C’est le secteur privé qui nous coûte cher !
A rebrousse-poil du discours dominant, la preuve est ainsi faite, en deux temps, qu’en matière de santé, la privatisation est moins efficace et plus onéreuse que l’initiative publique.
Et que la politique des libéraux et de la droite nuit gravement à la santé !
Tu vois, Jess, nous n’en avons pas fini. Il nous reste à porter notre détermination pour faire triompher ce monde meilleur à la hauteur du courage avec lequel tu es partie, les armes à la main.
Nico Cué
Secrétaire général
KÄMPFERISCHE WÜRDIGUNG EINER « KRIEGERIN »
Über manche gefallenen Kämpfer sagt man, sie « haben dem Tod in die Augen gesehen ».
Eine Kämpferin, die so jung gefallen ist, dass es uns bis ins Mark erschüttert, hielt es genau umgekehrt. Das Leben trotz allem in vollen Zügen genießen. Trotz Schmerzen. Trotz schwerer Behandlung. Trotz vernünftigem Pessimismus. Während des achtjährigen Kampfes warf sie kein einziges Mal die Flinte ins Korn. Jeden Morgen glaubte sie fest an ihren Sieg. Jede Stunde. Jeden Augenblick, mit heldenhafter Entschlossenheit. Pure Lebenslust. Ein Vorbild...
Die Krankheit besiegte ihren Körper. Aber nicht ihren Lebenshunger. Nicht ihre Lebenslust. Und auch nicht die Liebe für die ihr nahestehenden Menschen. Der Tod wird die unauslöschliche Erinnerung an ihren einzigartigen Optimismus, den Optimismus des unsterblichen Widerstands, nicht zerstören. Und auch nicht die schlichte Eleganz ihrer Bescheidenheit. Oder ihre Empörung, ihr unbezwingbares Engagement, ...
Unser persönliches Schicksal beugt sich weder eisernen Gesetzen noch einer unerschütterlichen Logik. Das Wissen darum lindert jedoch nicht den Schmerz der Eltern, die ein Kind verlieren... auch wenn es erwachsen ist. Sei es nur, weil dies nicht unserer Vorstellung der... « Ordnung der Dinge » entspricht.
Im Hier und Jetzt empfinden wir nahezu unerträglichen Schmerz, Trauer und Mitgefühl. Die Umwandlung dieser düsteren aber echten Gefühle in eine positive Perspektive für diejenigen, denen Sie in den Krankenhäusern begegnete, ist das Anliegen dieser kämpferischen Würdigung zum Gedenken unserer Genossin.
Die Brutalität und Ungerechtigkeit ihres Ablebens verschlagen uns den Atem. Erwecken unseren Zorn, weil wir uns nicht sicher sind, ob heute alles unternommen wird, um zu verhindern, was nicht wirklich unabwendbar ist.
Wir haben nicht mehr die Gewissheit, dass unsere Gesundheit kostbarer ist als die Gewinne, die sie diesem uns fremden System einbringt. Die Erkenntnisse der Wissenschaft, Forschung und Medizin sind inzwischen die Güter einer Gesellschaft, die in Märkten angeordnet ist.
Die soziale Sicherheit, das Erbe der Menschheit!
Die Arbeiterbewegung wollte doch eigentlich das demokratische System der Gesundheitsfürsorge vor der Selbstsucht des raubgierigen Kapitalismus retten. Und wie? Dank dessen Integration in ein System der sozialen Sicherheit auf der Grundlage der Kollektivversicherung gleich nach dem Krieg. Eine starke Entscheidung. Ein entschlossener politischer Umbruch. Der Beschluss einer angesichts von Unwägbarkeiten des Lebens solidarischen Gesellschaft.
Dieses strahlende Bauwerk, ein wahrhaftes « Erbe der gesamten Menschheit », wird heute Stein um Stein abgerissen. Sein Zusammenbruch begräbt ein bedeutendes zivilisatorisches Gedankengut unter sich. Die Not der Stunde ist unübersichtlich. Im Angesicht der Krankheit werden Mittellose, Bedürftige und Proletarier heute zunehmend unerbittlich und kalt sich selbst überlassen. Gesund zu sein wird langsam aber sicher zum Privileg derer, die es sich leisten können. Dies ist umso unerträglicher, als das Gegenteil durchaus möglich ist: Wir hatten es geschafft!
Im Laufe dieses Sommers haben mehrere Vorkommnisse diesbezüglich überall Alarm ausgelöst.
Die Haushaltssachzwänge haben zwar diesmal den Sektor der Gesundheitsfürsorge verschont, der ohnehin in den vorherigen Haushaltsjahren völlig ausgeblutet wurde. Eine schlechtere Gesundheitsversorgung - so lautete die politische Priorität der Regierung Charles Michels!
Aus einer Studie des Föderalen Öffentlichen Dienstes Gesundheit geht hervor, dass die Gesundheit der Belgier schlechter ist als die ihrer Nachbarn. «Zwischen 1990 und 2016 sind wir vom 8. auf den 15. Platz in der Rangordnung der heutigen 28 EU-Mitgliedsstaaten gerutscht» (L’Echo vom 17. Juli).
Im Übrigen prangerte Ri De Ridder, ehemaliger Inami-Chef und heute Vorsitzender von «Ärzte der Welt», die budgetären Entgleisungen der Pharmabranche an : « Es ist höchste Zeit, ein System umzudenken, in dem der öffentliche Sektor als Geisel genommen wird » (Le Soir, 6. August). Gerade der Privatsektor kostet uns das meiste Geld!
Im Gegensatz zum beherrschenden Diskurs wird damit gleich zweimal der Beweis erbracht, dass die Privatisierung der Gesundheitsfürsorge weniger wirksam und kostspieliger ist als der öffentliche Dienst.
Und die Politik der Liberalen und Rechten höchst gesundheitsgefährdend ist!
Es ist noch nicht zu Ende, Jess. Mit deiner Entschlossenheit werden wir diese bessere Welt erkämpfen, die deinem Mut beim Abschied gerecht wird.
Nico Cué
Generalsekretär