Un fil conducteur discret relie la sortie en France du dernier film de François Ruffin , la manifestation contre le dumping organisée à Bruxelles par Eurofer et l’impasse de la concertation sociale sur l’évolution du droit de grève en Belgique. Ce trait d’union tient en une idée explosive : la peur a changé de camp !
(siehe Deutsche Fassung unten)
Ruffin et sa bande de Fakir ont monté un coup cinématographique de génie. Une arnaque dont la victime n’est autre que Bernard Arnault, milliardaire du luxe, expatrié fiscal en puissance et belge de papier refoulé. Mais il est avant tout le fossoyeur de l’emploi chez Boussac Saint-Frère, entreprise textile du nord dont il a délocalisé la production. Le dumping social, il sait ce que c’est. Le lien entre la désertification industrielle de Flixecourt et la fortune d’Arnault saute aux yeux. Avec l’aide du journaliste et de son équipe, avec l’appui d’une déléguée CGT, un couple de travailleurs virés, atteint par la fin de droit et dont l’habitation sera bientôt saisie par les créanciers, obtient un nouveau job grâce au milliardaire avec en prime une indemnité substantielle qui les sort de la dèche. Miracle? Non, fruit d’un chantage extraordinaire, d’une menace d’attentat… à l’image. La suite à l’écran.
Que retenir ? C’est du plus petit organe de presse, Fakir, que les sbires du milliardaires ont eu le plus la trouille. « Les minorités agissantes sont les plus dangereuses », lâche le négociateur filmé à son insu… Moralité, deux chômeurs en fin de droit, bien entourés, peuvent faire trembler la première fortune de France ! Les rupins ont les chocottes…
Manif patronale
Dumping toujours, les patrons de la sidérurgie viennent de découvrir qu’au bout de la logique mortifère qu’ils ont bénie depuis l’ouverture des frontières et la « mondialisation heureuse », ils seraient broyés aussi. C’était pas prévu. Alors, ils appellent les travailleurs au secours. Ils les convoquent dans la rue pour dénoncer la concurrence déloyale de la Chine. Ils sont prêts à payer les manifestants ! Nous, on mange pas de ce pain-là. L’idéologie néo-libérale est à bout de souffle. Ses solutions sont nos problèmes depuis 30 ans. La droite et les entreprises font semblant de ne pas le voir. Les patrons qui dénoncent les grévistes sur les autoroutes quand ils défendent leur salaire et leur pouvoir d’achat les appellent et les payent pour manifester… Cherchez l’erreur. On est tous sur le même bateau ? En tous cas, ils se rendent soudain compte, là, qu’il coule et qu’il n’y a pas de bouée de sauvetage pour eux non plus…
Piquets interdits
Dans le même temps, la FEB veut faire interdire le blocage des routes, des zonings et des infrastructures… Cherchez l’erreur, bis. La négociation sur les modalités nouvelles du droit de grève a échoué. Le patronat entendait mettre une pression maximale pour cadenasser tout rapport de force en vue de la prochaine négociation des salaires (saut d’index et négociations sur l’évolution des normes salariales). Le trouillomètre toujours… La « compétitivité salariale » a été largement rétablie ; l’OCDE le dit. Il faut débattre de la compétitivité « actionnariale ». En 2014, les quelque 150.000 entreprises de Wallonie et de Bruxelles, ont réalisé un bénéfice de 29,7 milliards ; elles ont pourtant distribué des dividendes pour… 31,6 milliards ! Plus que leurs profits ! Et elles n’ont consacré que 44,8 milliards d’investissements productifs. En 2014, la rémunération des propriétaires de ces entreprises a représenté ainsi… 54% de la masse salariale. Manifestement, c’est pas encore assez. « Ils » veulent plus.
Dans ce contexte, toucher au droit de grève, pour le gouvernement fédéral, serait amorcer une bombe sociale. La FEB ne semble pas l’avoir compris… Les travailleurs sont prêts à l’expliquer.
Nico Cué
Secrétaire général
PS : Alors que « Merci Patron » a fait l’objet de tentatives de censure sur certains grands médias français (Europe 1 notamment), une mobilisation des réseaux sociaux produit l’effet inverse : une publicité d’enfer ! Alors, décider d’aller voir ce documentaire, c’est déjà entrer en résistance.
« Merci Patron! »
Ein unauffälliger Leitfaden zieht sich durch den in Frankreich ausgestrahlten neuen Film von François Ruffin , die von Eurofer in Brüssel organisierte Anti-Dumping-Demo und die stockende soziale Konzertierung zum Thema Streikrecht in Belgien. Ein bahnbrechender Gedanke drängt sich auf: Die Angst vollzieht einen Seitenwechsel!
Ruffin und seine Fakir-Bande haben einen genialen Kinostreich vollbracht. Opfer ist kein Geringerer als Bernard Arnault, Luxusmilliardär, mächtiger Steuerflüchtling und zurückgewiesener Wahl-Belgier. Aber vor allem der Totengräber der Beschäftigung bei Boussac Saint-Frère, einem Textilunternehmen in Nordfrankreich, dessen Produktion er auslagerte. Sozialdumping ist sein Kerngeschäft. Der Zusammenhang zwischen der industriellen Verwüstung in Flixecourt und Arnaults gewaltigen Vermögen ist augenfällig. Mit Hilfe eines Journalisten und seines Teams und der Unterstützung eines Delegierten der CGT findet ein entlassenes und bald rechteloses Paar, dessen Wohnung in Kürze beschlagnahmt werden soll, dank dem Milliardär einen neuen Job und eine beachtliche Entschädigungssumme, mit der sich all ihre Probleme in Luft auflösen. Ein Wunder? Weit gefehlt – das Ergebnis einer Erpressung und Anschlagsdrohung...auf dem Bildschirm. Die Moral der Geschichte? Die Milliardäre hatten die größte Angst vor dem kleinsten Presseorgan Fakir. «Aktivistische Minderheiten sind am gefährlichsten » entfährt dem gefilmten Verhandlungsführer ungewollt. Zwei ausgesteuerte Arbeitslose mit ausgezeichneten Verbindungen können also dem reichsten Mann Frankreichs Angst einjagen! Die Kumpanen schlottern vor Angst...
Arbeitgeber-Demo
Dumping für alle: Die Arbeitgeber der Stahlindustrie merken gerade, dass ihre eigene gnadenlose Logik der Grenzöffnung und «glücklichen Globalisierung» sie jetzt selbst zermalmt. So hatten sie sich das eigentlich nicht vorgestellt. Also rufen sie die Arbeitnehmer um Hilfe. Sie versammeln sie auf der Straße, um den unfairen Wettbewerb mit China anzuprangern. Sie sind sogar bereit, die Demonstranten zu bezahlen! Nicht mit uns. Die neoliberale Ideologie liegt in den letzten Atemzügen. Ihre Lösungen sind seit dreißig Jahren unsere Probleme. Die Rechte und die Unternehmen verschließen mit Absicht die Augen. Dieselben Arbeitgeber, die Streikende auf Autobahnen scharf verurteilen, weil sie ihre Löhne und Kaufkraft verteidigen, rufen sie zur Demonstration auf und bezahlen sie dafür... Irgendwas stimmt da nicht. Wir sitzen alle im selben Boot? Offenbar merken sie plötzlich, dass das Boot sinkt und es auch für sie keinen Rettungsring gibt...
Streikposten verbieten
Gleichzeitig will der Verband Belgischer Unternehmen (FEB) die Sperrung von Straßen, Gewerbezonen und Infrastrukturen verbieten... Irgendwas stimmt da nicht. Die Verhandlungen über das neue Streikrecht sind gescheitert. Die Arbeitgeber wollten mächtig Druck machen, um das Kräfteverhältnis mit Blick auf die anstehenden Lohnverhandlungen völlig lahmzulegen (mit Ausnahme des Index und der Verhandlungen über die Entwicklung der Lohnstandards). Die Peitsche, wie immer... Der «Lohnwettbewerb» hat sich wieder voll etabliert, die OECD hat es selbst gesagt. Wir müssen über die «Shareholder-Wettbewerbsfähigkeit» reden. Im Jahr 2014 erzielten die knapp 150.000 Unternehmen in der Wallonie und Brüssel einen Gewinn von insgesamt 29,7 Milliarden . Sie verteilten jedoch Dividenden in Höhe von … 31,6 Milliarden! Mehr als ihre Gewinne! Und nur 44,8 Milliarden flossen in produktive Investitionen. Im Jahr 2014 entsprach die Vergütung der Eigner dieser Unternehmen also … 54% der Lohnmasse. Aber das reicht offenbar noch nicht. «Sie» wollen mehr.
Das Streikrecht anzutasten würde unter diesen Umständen für die föderale Regierung bedeuten, eine soziale Bombe zu zünden. Der FEB scheint dies offenbar nicht zu begreifen … Die Arbeitgeber machen es ihm gern klar.
Nico Cué
Generalsekretär
PS: Während «Merci Patron» von einigen bedeutenden französischen Medien (Europe 1 beispielsweise) zensiert werden sollte, haben die sozialen Medien das Gegenteil bewirkt: eine tolle Werbung! Sich den Dokumentarfilm nur anzuschauen bedeutet schon Widerstand zu leisten.