Nous sommes au rond-point Schuman, sur les marches qui font face au bâtiment du n°175 de la rue de la Loi : un des symboles de cette Europe à laquelle nous sommes venus dire notre façon de penser.
Pas d’interview personnalisée cette semaine. Le discours serait le même à Clabecq ou à Aperam, à Cockerill ou au sein d’Industeel, tous nos travailleurs sont dans le même bain. Tous sont soumis à la même casse sociale que nous sommes venus fermement contester.
L’action se voulait symbolique, mais la photo en témoigne, nos militants sont venus nombreux. L’enjeu est de taille, primordial même pour l’avenir de l’ensemble des travailleurs en sidérurgie belge mais pas seulement, européenne aussi !
Ils sont venus aujourd’hui et pas le 15 février dernier vous vous en souviendrez. Pas question pour eux de se joindre à l’appel lancé par les organisations patronales européennes d’Eurofer, se réveillant tout à coup et découvrant seulement alors, l’urgence à prendre des mesures pour se battre contre la concurrence déloyale que nous livrent la Chine et la Russie entre autres.
Ce 18 avril, l’OCDE se réunissait en effet en symposium, pour traiter des matières relatives à la situation de l’industrie européenne et de la sidérurgie en particulier. Selon nos sources et à l’heure où nous écrivons ces lignes, celle-ci pourrait décréter que l’Europe est en surcapacité de production : ce qui serait un comble au regard des volumes que la Chine se dit prête à exporter !
Alors nos camarades sont là et profitent de la réunion de ce symposium pour réaffirmer – comme ils le font depuis des années déjà et pas seulement sur une action isolée contractée comme un spasme par le banc patronal le 15 février – leurs positions et pour ré-insister sur leurs attentes concrètes.
Ils contestent fermement :
• les fermetures d’outils qui ont notamment favorisé l’importation d’aciers chinois et russes en Europe ;
• les partenariats entre groupes européens et chinois qui ont organisé des transferts de savoir et de savoir-faire industriels ;
• la faiblesse de nos investissements dans le secteur sidérurgique;
• les politiques d’austérité organisées par le patronat qui portent atteinte à l’emploi et au pouvoir d’achat des travailleurs !
Ce qu’ils veulent par cette action, c’est :
• attirer l’attention de l’Europe, des décideurs politiques et économiques et de la presse sur la situation du secteur de l’acier en Europe ;
• mettre en garde les mandataires européens contre la menace que représente l’importation massive d’aciers chinois et russes, dès lors qu’ils sont produits dans des conditions de dumping social et environnemental rendant toute concurrence impossible ;
• rappeler qu’entre 2008 et 2014, le secteur a sacrifié plus de 80.000 emplois sur le compte d’une compétitivité truquée ;
• insister sur le fait que nos aciers sont des produits à très haute valeur ajoutée qui jouent un rôle écologique, monétaire et stratégique majeur dans notre économie ;
• réaffirmer que l’Europe ne sortira pas de la crise dans laquelle elle s’enlise sans ce secteur industriel fort, créateur de valeur et porteur d’avenir.
Dans la foulée de cette action, représentante et membre fondatrice du groupe d’Annecy, la MWB-FGTB était reçue à la RTBF radio pour son émission face à l’info.
Aux côtés de Philippe Verbeke et de Jean-Claude Bernardini représentant respectivement les camarades métallos de la CGT-France et de l’OGBL –Luxembourg, notre Secrétaire Général adjoint, Angelo Basile a invité l’Europe à moins de naïveté face à ses concurrents et a exigé qu’elle se débarrasse de ses certitudes basées sur le « tout est marchandise et toutes les marchandises s’équivalent ». L’acier est un matériau capital dans notre économie européenne. S’il devait disparaître demain, cela nous condamnerait à nous approvisionner à l’extérieur, nous rendant aussi fragiles que nous le sommes vis-à-vis de l’Opep pour le pétrole. Et avec un acier fragile et que nous ne maîtriserions plus, c’est toute l’industrie en aval (aéronautique et spatiale, automobile et génie civil sans oublier celle des électro-ménagers) qui vacillerait !
Urgence ! Urgence !