La voiture de demain : Impacts pour nos travailleurs du secteur des garages ?
Le monde du travail du secteur de l’automobile est en pleine mutation. Cette crise du Covid-19 ne fera qu’accélérer la tendance. Nous avons donné la parole à Jean-Paul Sellekaerts, permanent de la Fédération des Métallurgistes du Brabant, qui connaît bien le secteur des garages et dont il est en charge à Bruxelles.
L’entretien démarre au quart de tour. Dans un premier temps, Jean-Paul, nous fait un bref topo du secteur des garages. Incontestablement, le monde de l’automobile est en pleine mutation. Il suffit de voir que dans notre quotidien nous sommes tous connectés, d’une manière ou d’une autre. Et les choses ne vont que s’accélérant.
Quelles mutations ? Tout d’abord, l’électronique embarquée dans l’automobile. Elle est passée à la vitesse supérieure. Il y a de plus en plus de nouvelles fonctionnalités par le biais des logiciels implémentés. Ce qui entraîne une connectivité permanente avec le constructeur. Les informations seront transmises en temps réel, du véhicule vers le constructeur, la programmation pourra se faire à distance. Même les showrooms deviendront virtuels. On pourra configurer son véhicule à distance et utiliser les technologies avancées pour pouvoir acheter son véhicule.
Il y a également la transformation de la mobilité. Dans un avenir plus ou moins proche, on ne parlera plus de voiture mais de nouvelle mobilité. Aujourd’hui nous sommes encore en grande partie propriétaires de nos véhicules. Mais quid de l’avenir avec les problèmes de trafic et de stationnement. Nous passerons probablement à un nouveau mode de mobilité « partagée », où une personne pour un même déplacement combinera différents moyens « mutualisés » : voiture, vélo, trottinette, transport en commun…
Quels impacts sur les travailleurs ? Toutes ces mutations auront indéniablement un impact sur le travailleur, à court, moyen et long termes. Le travail dans l’atelier va se transformer. On va passer de l’atelier « plein de cambouis » vers des ateliers qui ressemblent plus à des « laboratoires ». A titre d’exemple, une voiture qui circule et qui a un problème, signalera via sa connexion immédiatement le problème au garage. Dans la minute, un agenda s’ouvrira directement pour prendre un rendez-vous, grâce à la connectivité. A l’arrivée du véhicule en question au garage le problème à régler sera déjà connu et la pièce à remplacer sera déjà prête. Idem pour la reprise du véhicule, on le récupèrera très facilement, la facturation sera automatique.
Dans cette configuration, les travailleurs devront être de plus en plus à la pointe de leur nouveau métier de garagiste. D’ailleurs, on parlera plutôt de technicien de haut niveau, ce qui nécessitera un besoin quantitatif et qualitatif de formations pointues. Jean-Paul, pense que la formation permanente, plus que jamais, deviendra la règle dans le secteur des garages. Cette formation doit rester à la charge des employeurs.
Dans le contexte actuel, la crise du Covid-19 va certainement être un coup d’accélérateur de ces mutations en cours. Qu’on le veuille ou non, ce progrès technologique ouvre une nouvelle voie, inconnue, que nous ne maîtrisons pas à notre niveau. Si on n’y prend pas garde ou si on s’y prépare mal, cela pourrait avoir des conséquences néfastes pour les travailleurs. Nous resterons vigilants, en continuant à nous battre au quotidien pour un progrès Humain des conditions de travail.