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RÉFORMES DU TRAVAIL ET MARCHÉ DE DUPES !

Nico Cué

Travailleurs de tous les pays, craignez pour vos salaires, votre temps de travail et vos protections sociales : ils sont peut-être devenus des… « obstacles inutiles au commerce ». Les réformes des marchés du travail bourgeonnent dans l’Union comme l’acné sur l’adolescence. Et… comme l’anticipation d’un grand marché transatlantique pour les multinationales !

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

La réforme du Code du travail a mis le feu à l’Hexagone. La résistance à la loi El Khomri a réveillé les haines enfouies et un mépris de classe que les naïfs avaient pu croire passé de mode. La CGT et son président, Philippe Martinez, sont traités de terroristes par des ventriloques patronaux et quelques marionnettistes médiatiques. L’actualité forge ainsi un « point EI » - pour Etat islamique -, version nouvelle du point « Godwin ». La caste dominante s’indigne de la présence en marge des cortèges de « casseurs » - généralement manipulés-, mais se tait sur une violence policière inouïe qui frappe des manifestants déniés jusque dans leur nombre. Réapparaissent les discours outranciers d’une France irréformable et les mâles volontés qui annoncent un passage en force. La démocratie ne serait pas un obstacle face aux intérêts privés ? Il est même question d’interdire dorénavant les manifs ! Sous nos yeux, le régime change de nature !

Là où elle a été au pouvoir, la gauche sociale-démocrate fait le sale boulot comme si le sujet n’avait pas de portée idéologique. La gauche, la droite, kif-kif ? Chemine alors le sentiment d’une politique qui échapperait en fait à nos Etats et donc à notre contrôle.

- En Allemagne, Schröder a ouvert le bal avec les plans Hartz (mini-jobs à 400 €, services d’intérêt général pour les chômeurs dans les communes…).
- En Italie, Renzi a fait adopter un « job act » qui dérégule, entre autres, les licenciements et le CDI…
- En Grèce, après avoir imposé une baisse du salaire minimum et l’affaiblissement généralisé des conventions collectives, la troïka a imposé à Tsipras une remise à plat de toute la législation du travail.

Evidemment, la droite au pouvoir n’a pas dû se faire prier : en Grande-Bretagne (avec les contrats «zéro heure»), en Espagne (la facilitation des licenciements, les modulations du CDI…), au Portugal (création d’une «banque des heures supplémentaires», licenciements facilités…), au Danemark («flexi-sécurité»…), en Finlande (allongement du temps de travail, fragilisation de la concertation sociale…), en Suède comme en Hongrie (réforme à la baisse des allocations de chômage…). Sans parler de la reconfiguration du marché du travail en Roumanie, en Slovénie, en Serbie, en Bosnie et en Croatie.

UN AUTRE AVENIR EST POSSIBLE !
Cette politique désastreuse pour les travailleurs est menée depuis 2010 au moins. Avec quels résultats ? Une dégradation de la rémunération du travail au profit du capital. Cette évolution caractérise les politiques néo-libérales. Moins elles fonctionnent, plus ces logiques se radicalisent et sont imposées de manière autoritaire.

En Belgique, les mesures « Peeters » ont été annoncées au moment où le gouvernement Michel défendait à l’Europe les modifications de son budget 2016. Comme s’il s’agissait d’amadouer le gendarme européen pour qu’il accepte, parallèlement , certaines libertés budgétaires. Comme s’il fallait nourrir de « réformes structurelles » une hydre européenne. La Banque centrale impose sa vision et se comporte de plus en plus en plus comme la Cour constitutionnelle économique d’une Union dont le projet s’éloigne toujours plus de nos rêves d’Europe. S’il y a eu un « modèle européen », il est aujourd’hui défait par ses propres institutions !

La Commission a obtenu un mandat pour négocier le TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership - le « traité transatlantique ») qui va organiser un grand marché sans entraves pour les entreprises américaines et européennes. Il prévoit explicitement que « l’Accord visera à éliminer les obstacles inutiles au commerce et à l’investissement, y compris les obstacles non tarifaires existants ». Ce dont il est ici question concerne les législations sociales, les règlementations, les normes sociales, sanitaires, environnementales ou techniques !

Dans le dos des citoyens, la protection des travailleurs est ainsi bradée par les gouvernements nationaux à la demande de l’UE. Dans quel but ? Réaliser le phantasme de David Rockfeller ? Il déclarait à Newsweek en 1999 : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire. »[i]
En refusant le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), « petit frère du TTIP » qui concerne l’UE et le Canada, la Wallonie a montré qu’une autre avenir est possible !

Nico Cué
Secrétaire général de la MWB

[1] Cité par Raoul Marc Jennar in « Le grand marché transatlantique. La menace sur les peuples d’Europe », Cap Bear Editions, 2014.

ARBEITSREFORMEN UND MARKT DER GETÄUSCHTEN!

Arbeitnehmerinnen und Arbeitnehmer aller Länder, fürchtet um eure Löhne, Arbeitszeiten und soziale Sicherheit: Sie sind vielleicht ab jetzt ... « überflüssige Handelshemmnisse ». Arbeitsmarktreformen sprießen in Europa wie Akne auf den Gesichtern von pubertierenden Jugendlichen. Und... wie die Vorwegnahme eines riesigen transatlantischen Marktes für multinationale Konzerne!

Die arbeitsrechtliche Reform entfachte einen Flächenbrand in Frankreich. Der Widerstand gegen das El Khomri-Gesetz hat den schwelenden Hass und die Klassenverachtung wieder aufleben lassen, die einige Unbedarfte schon begraben glaubten. Die CGT und ihr Präsident Philippe Martinez werden von bauchrednerischen Arbeitgebern und einigen Marionetten der Medien als Terroristen beschimpft. Die Aktualität löst das « IS-Gesetz » - steht für den Islamischen Staat – sozusagen als Neufassung des « Godwin-Gesetzes » aus. Die herrschende Kaste empört sich über die – meist manipulierten - « Schläger » am Rande der Straßenzüge und schweigt sich über die ungeheuerliche Gewalt aus, mit der die Polizei gegen Demonstranten vorgeht, deren noch so zahlenkräftiges Auftreten keine Beachtung findet. Jetzt tauchen sie wieder auf, die Schmähungen über ein nicht reformfähiges Frankreich, die Triebkräfte, die sich den Weg auch durchpeitschen wenn es sein muss. Steht die Demokratie etwa den privaten Interessen nicht im Wege? Es ist sogar schon die Rede davon, Demonstrationen völlig zu verbieten! Vor unseren Augen wandelt sich das Regime!

Dort wo sie an der Macht war, macht die sozialdemokratische Linke die Schmutzarbeit, als habe das Thema keine ideologische Tragweite. Rechts oder links, ist doch egal? Es bahnt sich eine Politik den Weg, die die Staaten und also auch wir nicht mehr im Griff haben.

- In Deutschland eröffnete Schröder den Ball mit seinen Hartz-Plänen (400€-Jobs, Dienstleistungen allgemeinen Interesses für Arbeitslose in den Kommunen,...).
- In Italien lässt Renzi einen « Job Act » verabschieden, der unter anderem die Entlassungen und den unbefristeten Arbeitsvertrag dereguliert...
- In Griechenland zwingt die Troika Tsipras nach einer Senkung des Mindestlohns und Schwächung der Tarifverträge eine völlige Umgestaltung der Arbeitsgesetzgebung auf.
Die machthabende Rechte steht dem natürlich in nichts nach: in Großbritannien (mit den « Null-Stunden-Verträgen »), in Spanien (leichtere Entlassungen, Staffelung der unbefristeten Arbeitsverträge), in Portugal (Gründung einer « Überstundenbank », leichtere Entlassungen...) in Dänemark (« Flexicurity »…), in Finnland (verlängerte Arbeitszeit, Schwächung der sozialen Konzertierung...), in Schweden und Ungarn (Senkung der Arbeitslosenunterstützung...). Von den Arbeitsmarktumstellungen in Rumänien, Slowenien, Serbien, Bosnien und Kroatien ganz zu schweigen.

EINE ANDERE ZUKUNFT IST MÖGLICH!
Diese für die Beschäftigten verheerende Politik besteht seit mindestens 2010. Mit welchem Ergebnis? Eine Verschlechterung des Arbeitsentgelts zugunsten des Kapitals. Diese Entwicklung kennzeichnet die neoliberale Politik. Je weniger letztere greift, desto radikaler und herrischer wird diese Logik durchgesetzt.
In Belgien wurden die « Peeters-Maßnahmen » angekündigt, als die Michel-Regierung gerade seine Budgetänderungen für 2016 vor Europa verteidigte. Als wolle man den europäischen Gendarmen beschwichtigen, damit er im gleichen Atemzug gewisse budgetäre Freiheiten einräumt. Als müsse man den europäischen Wasserkopf noch mit « Strukturreformen » füttern. Die Zentralbank zwingt ihren Willen auf und benimmt sich zunehmend wie der wirtschaftliche Gerichtshof einer Union, deren Projekt sich immer rasanter von unserer Vorstellung Europas entfernt. Wenn es denn ein « europäisches Modell » gibt, so wird es heute von seinen eigenen Institutionen zerlegt!

Die Kommission wurde mit der Aushandlung des TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership - « Transatlantischer Vertrag ») beauftragt, mit dem ein großer grenzenloser Markt für die amerikanischen und europäischen Unternehmen geschaffen wird. In diesem ist ausdrücklich vorgesehen, dass « der Vertrag darauf abzielt, überflüssige Handels- und Investitionshemmnisse abzubauen, einschließlich der bestehenden nicht-tariflichen Schranken ». Für diese Themen sind die Sozialgesetzgebung, die einschlägigen Vorschriften, die sozialen, gesundheitlichen, technischen und Umweltnormen zuständig!
Hinter dem Rücken der Bürgerinnen und Bürger wird somit der Arbeitnehmerschutz im Auftrag der EU von den nationalen Regierungen verramscht. Mit welchem Ziel? David Rockfellers Wunschtraum verwirklichen? 1999 erklärte er der Newsweek: « Irgendetwas muss an die Stelle der Regierungen treten, und die private Macht scheint mir dafür am besten geeignet zu sein.»[i]
Mit der Ablehnung des CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), dem « kleinen Bruder von TTIP » für die EU und Kanada hat Wallonien unter Beweis gestellt, dass es auch anders geht!

Nico Cué
Generalsekretär der MWB

[1] Angeführt von Raoul Marc Jennar in « Le grand marché transatlantique. La menace sur les peuples d’Europe », Cap Bear Editions, 2014.